CONTE: LES TROIS larrons (PARTIE I)
I. Les exploits de deux larrons, Haimet et Barat, et
ce que le troisième, nommé Travers, décida de faire
Avant de le
conter sachez, seigneurs barons,
Que mon fabliau
est celui de trois larrons
Qui vivaient à
Laon et jamais ne chômaient.
Deux d’entre
eux, confrères et frères, se nommaient
Haimet et Barat.
Leur père fut pendu
Comme tous ceux
qui font ce métier défendu.
Le troisième s’appelait
Travers. Ils ne tuaient
Jamais personne,
et à ruser toujours suaient,
Et ils se
contentaient seulement de filouter.
Nul ne les
égalait en adresse, sans douter,
Et avec le butin
toujours ils revenaient.
Un jour que dans
le bois de Laon ils se promenaient,
Ils devisaient
de leurs prouesses ; Haimet, l’aîné,
Qui des trois
était le plus grand et déchaîné,
Vit en haut d’un
grand chêne élevé un nid de pie
Et la mère y
entrer qui vaillamment épie.
Il dit à son
frère : « Si quelqu’un proposait
De prendre les œufs
sous cette pie et l’osait,
Sans la faire
envoler, qu’irais-tu lui répondre ? »
« Qu’il
peut aussi tâcher de la faire pondre,
Et qu’il rêve
sans doute », lui répondit Barat.
« Eh bien !
Pour moi, ce n’est point un grand embarras,
Répartit Haimet,
je le dis sans flatterie,
Et il faut n’être
qu’un butor en filouterie
Pour ne pas le
pouvoir, et je vais l’accomplir. »
Il grimpe
aussitôt au grand chêne sans pâlir ;
Arrivé au nid,
le voici qui doucement l’ouvre
Par-dessous,
prend les œufs cachés dans leur havre
Et les rapporte
sans qu’un seul ne soit cassé.
« Tu es un
grand fripon ! Si tu n’es pas lassé,
Lui dit Barat,
remets les œufs sous la mère
Qui de ne point
voir ses petits sera amère,
Sans l’éveiller,
comme de le faire tu viens.
Si tu le fais,
tu es notre maître et le mien. »
Haimet, que nul
défi n’effraie, grimpe encor l’arbre,
Les œufs à la
main gauche, calme comme le marbre,
Mais son frère
voulait en vérité farcer.
Il le suit de
branche en branche, bien exercé,
Comme son
cavalier la fidèle monture,
Et l’adroit
coquin lui détache sa ceinture
Et revient aux
autres, portant ce gage en main.
Haimet cependant
fit des efforts surhumains
Pour remettre
les œufs à leur place première.
Il s’attendait,
en bas, pour sa geste guerrière,
A des éloges que
sans doute il méritait.
Mais son frère
Barat, plaisantant, l’irritait
En lui disant : « Que
tu les a cachés je gage
Dans ta ceinture ;
des œufs j’entends le langage. »
L’aîné ne
comprit pas, d’abord, mais regarda
Et à savoir ce
qui se passa peu tarda.
« Frère, tu
es aussi en friponnerie maître !
Excellent voleur
que celui qui vole un autre. »
S’écria-t-il,
tandis que Travers admirait
Les deux voleurs
adroits, et longtemps soupirait
Puis leur dit : « Ce
n’est point, amis, que je vous flatte,
Jamais je ne
serai aussi bon que vous l’êtes.
Je suis bien trop
gauche pour faire ce métier,
Adieu, je m’en
vais suivre un différent sentier :
Je travaillerai
à la ferme de mon père
Et je vivrai
avec ma femme. J’espère
Que je pourrai,
grâce à Dieu, un jour prospérer,
Car vos talents
me font, hélas, désespérer. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
lundi 13 avril 2015
Conte: Les trois Larrons (Partie I)
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