CONTE: LES TROIS LARRONS (PARTIE iI)
II. Ce que les deux larrons, Haimet et son frère
Barat, décidèrent de faire après avoir rendu visite à leur ancien confrère
Travers, qui n’était point un homme
volage,
Retourna comme il le dit dans son
village.
Sa femme l’aimait ; il devint homme
de bien,
Au bout de quelques mois il ne manqua de
rien
Et put même acheter un cochon, dans l’attente
De le manger, ce dont sa femme fut
contente.
Il engraissa chez lui l’animal retenu
Et il le fit tuer quand Noël fut venu ;
L’ayant suspendu par les pieds à la
muraille
Après qu’il lui eut bien lavé les
entrailles,
Il partit pour les champs, sous le
soleil radieux.
Mais le vendre eût été sans doute bien
mieux,
Et vous saurez bientôt pourquoi, mes
nobles sires.
Depuis son départ, les deux frères ne s’assirent
Pas une seule fois à sa table, et tous
les deux
Vinrent le visiter ; de leurs
visages hideux
Sa femme, occupée à filer, fut effrayée.
Par leur visite ils la virent peu égayée
Et devinèrent qu’on cachait un bien
précieux.
Partout ils promenèrent leurs regards
licencieux
Exercés à scruter les ténébreuses ombres
Et virent le cochon. La femme leur dit,
sombre,
Que son mari n’allait revenir que le
soir.
« Oh ! ce coquin ne veut donc
pas nous faire asseoir
A sa table, pensèrent-ils, pour qu’il
banquette
Avec sa femme, tous seuls !
Mettons-nous en quête
Du cochon, et allons sans lui donc le
manger. »
Lorsque les deux fripons finirent d’arranger
Leur complot, derrière une haie ils se
cachèrent
Et d’attendre la nuit sans bruiter
tâchèrent.
Quand Travers vint, le soir, sa femme
lui conta
La visite des deux que seule elle
affronta.
« Ils m’ont fait peur, et leur mine
est si mauvaise
Que je n’ai pas pu leur répondre à mon
aise,
Dit-elle, et je ne sais ni leurs noms ni
pourquoi
Ils sont venus ici. J’ai vu leurs yeux
narquois
Fureter partout, comme s’ils cherchaient
quelque chose,
Et les revoir une deuxième fois je n’ose. »
« Ah ! s’écria Travers, il me
sera ardu
De garder mon cochon, et je le crois perdu.
Ce sont mes deux drôles, qui doivent là
attendre
Le moment propice. Je l’aurais dû vendre. »
« Attends, lui dit sa femme,
songeons un peu : cachons,
Pour qu’ils ne le voient pas, quelque
part le cochon.
Au lever du jour, nous verrons quel
parti prendre. »
Ce sage avis se fit par Travers
entendre,
Il décrocha donc son cochon et le cacha
Sous la huche de pain ; ensuite il
se coucha,
Tremblant des deux larrons et de leur
étude,
Et pour son cher cochon empli d’inquiétude.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
mardi 14 avril 2015
Conte: Les trois Larrons (Partie II)
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