CONTE: LES TROIS AVEUGLES DE COMPIÈGNE (PARTIE IIi)
III. Comment le clerc tira les trois aveugles d’embarras
« Sire, dirent les trois aveugles à
leur hôte,
Nous avons un écu, nous paierons sans
carottes,
Rendez-nous notre reste, hôtelier, au
revoir. »
Celui-ci tendit la main pour le recevoir ;
Personne ne le lui donna, attendant l’autre,
Voilà qu’il demande qui l’a : « C’est
le nôtre »
Leur répondent les trois hères.
Tonitruant,
Il se fâche et il crie : « Çà,
messieurs les truands,
Je ne suis point ici pour servir de
risée,
Payez-moi, vos têtes seront sinon
brisées
Et il vous arrivera à tous les trois
malheur. »
Ils demandent l’écu, se traitent de
voleurs
Et se querellent avec des paroles
injurieuses.
L’hôte distribua d’une façon furieuse
A chacun des paires de soufflets, en
criant
D’apporter deux bâtons à son valet.
Riant,
Le malicieux clerc vit toutefois que l’affaire
Devenait sérieuse et n’était plus pour
plaire.
L’air étonné de ce tapage, il se montra
Et comme si jamais il ne les rencontra,
Demanda à l’hôte : « Pourquoi
ce vacarme ?
Et qu’est-ce que ces trois aveugles en
alarmes ? »
« Sire, répondit-il, ce sont ces
trois marauds
Qui ont ravi mon bien et ont fait les
farauds
En faisant travailler toute mon auberge.
Ils ont mangé et bu comme un manuterge,
Et aujourd’hui qu’ils doivent payer, me
bafouer
Ils osent, et de coups je vais bientôt
les rouer. »
« Doucement, sire Nicole, reprit le
clerc, ces hères
Sont trop appesantis par leur sombre
misère
Pour vous payer. Dites ce qu’ils ont
dépensé. »
Quand il le sut : « Rien
que cela ! J’avais pensé
Qu’ils vous devaient une plus copieuse
somme !
Seigneur tout-puissant, dans quel monde
nous sommes !
Je vais payer ; laissez ces
malheureux partir.
Si vous refusez, je tiens à vous avertir
Que c’est un grand péché d’affliger les
pauvres. »
Les trois aveugles, sans attendre qu’on
leur ouvre,
Se sauvent prestement, contents, en ce
moment,
Sans chercher à savoir, dans leur hâte,
comment
Ils échappèrent à une rude bastonnade.
L’hôte, lui, joyeux à faire la sérénade,
Avec de grands éloges remercia le clerc :
« Vous allez prospérer, mon bon
seigneur, c’est clair !
Et Dieu vous bénira pour votre largesse,
Pour votre bonté et pour votre sagesse. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
samedi 11 avril 2015
Conte: Les trois Aveugles de Compiègne (Partie III)
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