dimanche 22 février 2015

Conte: La Chèvre blanche (Partie III)

CONTE: LA CHÈVRE BLANCHE (PARTIE III)


III. La mauvaise action de la belle-mère, assistée par une méchante vieille fée

Grâce à sa baguette et à sa bague allant bien,
La belle Euphrosine ne manquait de rien ;
Elle grandissait et elle était ravissante,
Et sa cruelle belle-mère, pâlissante,
Voyait autour d’elle essaimer les galants
Et qui pour Césarine étaient plus nonchalants,
Et en était jalouse et folle de rage.
Pendant que son père vaillant bravait l’orage,
Euphrosine tomba malade. Sans ménager
Sa fille dont le mal fut pourtant passager,
Sa belle-mère écrivit à son pauvre père
Que sa fille était bien mal et qu’elle désespère.
Inquiet pour Euphrosine que doucement il aimait,
Il lui dit qu’il ne se consolerait jamais
De perdre sa fille, qu’il pria avec peine
De soigner de son mieux. La belle-mère, sereine,
Au lieu de le faire, fit courir l’affreux bruit
Qu’Euphrosine était morte. Son père en fut instruit
Par sa lettre que lut ce marin qui erre.
Elle fit faire une châsse qu’elle remplit de terre
Et dans le cimetière on alla l’ensevelir ;
Tout le bourg en pleura et on le vit pâlir
Car Euphrosine était aimée. Bien amère,
Césarine ne dit rien et tremblait de sa mère
Qui alla trouver une vieille fée sans pitié
Emplie pour la bonne marraine d’inimitié.
Elle lui demanda d’emmorphoser la fille,
Mais elle lui répondit qu’à cette brindille
Elle ne pouvait rien faire, tant qu’elle posséderait
Sa baguette et sa bague, et qu’elle l’aiderait
A les trouver. Elle les ravit grâce à elle,
Et la méchante fée, comme sa maîtresse cruelle,
Vint emmorphoser la pauvre fille. Elle vit
La marque qu’elle avait à l’oreille. « M’est avis,
Dit-elle à sa maîtresse, que cette marque est magique,
Et que je ne puis, mais ce n’est pas bien tragique,
La faire disparaître. En quoi la transformer ? »
La belle-mère répondit, loin de s’en alarmer :
« Je veux la transformer en une chèvre noire. »
La fée joua de sa baguette, mais sans le croire,
Elle ne réussit point à l’emmorphoser,
Se mit en colère et finit par la poser
En disant à la belle-mère : « Elle est trop pure,
En faire une chèvre noire est chose bien dure,
Mais je puis en faire, suivant votre désir,
Une chèvre blanche ou verte. A vous de choisir. »
« Qu’elle soit chèvre blanche. » répondit la mégère.
Elle devint une chèvre petite et légère,
La plus jolie qu’on pût voir, et elle garda
Sa marque à l’oreille. Sa belle-mère lui darda
Son sombre regard, et prévenant sa fuite,
Aux ruines d’un château la conduisit ensuite,
Qui étaient à trois lieues, et l’y abandonna
Avant que le soleil radieux ne rayonnât.
La petite chèvre blanche broutait l’herbe
Qui poussait dans les ruines, pour sa bouche acerbe.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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