samedi 21 février 2015

Conte: La Chèvre blanche (Partie II)

CONTE: LA CHÈVRE BLANCHE (PARTIE II)


II. De quelle manière la bonne fée protégea sa filleule du courroux de sa belle-mère

La petite Césarine, laide comme un hanneton,
Auprès du champ où sa sœur gardait ses moutons
Alla se cacher en demeurant sereine.
Elle savait que sa sœur avait une marraine,
Mais elle ne la vit point et ses yeux furent leurrés.
Sa sœur mangea un bon morceau de pain beurré,
Elle la vit, mais elle n’était point méchante,
Et ne dit rien à sa mère effarouchante.
Elle lui demanda, quand elle fut de retour :
« Qu’as-tu vu ? Est-ce qu’il y a une fée ou un pâtour
Qui aident Euphrosine ? » « Je n’ai vu personne. »
Répondit la bonne fille. « Polissonne !
S’écria la belle-mère, tu ne sais que louper.
Je parie que ce soir elle couchera sans souper. »
Quand Euphrosine revint, la femme cruelle
Lui mit une fétide soupe sans son écuelle
Et lui donna un vieux morceau de pain rassis,
Mais elle la remercia d’être clémente ainsi,
Et elle ne toucha point à cette nourriture
Qui l’écœurait et qui sentait la pourriture.
La belle-mère se dit : « Je la suivrai demain,
Et prendrai, sans me voir, un différent chemin. »
La méchante femme suivit la fillette
Qui quitta, fort tôt le matin, la gloriette,
Et se cacha derrière une haie pour l’épier,
Pareille à une guêpe dans le sombre guêpier.
Elle ne vit point la fée, mais sa fille malaimée
Mangeait de bonnes choses et en était charmée,
Et sa belle-mère était loin d’oublier
Que quelque chose de gros est dans son tablier.
Elle sortit aussitôt, preste comme une bichette
Et l’œil fauve, de sa ténébreuse cachette,
Et dit à Euphrosine qui doucement salua :
« Dans ton tablier dis-moi ce que tu as. »
Quand elle le déplia, a lieu de la tourte,
Il contenait mille fleurs de toutes sortes.
« Où as-tu pris ces fleurs ? » Demanda furieusement
La belle-mère. En tremblant affreusement,
La fille répondit : « Mère, je les ai trouvées
Ici même, dans les champs. » Comme une réprouvée
Elle la contemplait, et s’écria soudain
Avec grande colère et emplie de dédain :
« Je ne suis point ta mère, et ta mère est morte !
Va-t’en et disparais, sotte, tu m’insupportes. »
La pauvre fille pleura. La fée venait la voir
Et filait sa quenouille qu’elle rapportait le soir ;
Un jour, elle lui dit : « Je serai absente
Pour un long voyage. Cette baguette puissante
Et cette bague vont exaucer tes souhaits ;
Mais cache-les à ta belle-mère qui te hait
Et prends garde qu’elle ne te les ravisse,
Cette femme dont le cœur est rongé par les vices. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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