dimanche 8 février 2015

Conte: Jean des Merveilles (Partie II)

CONTE: JEAN DES MERVEILLES (PARTIE II)


II. De quelle manière Jean tira ses camarades d’affaire, grâce à sa coque de noix

Jean marcha encore, de son chemin instruit,
Avec les autres ; ils virent une marchande de fruits,
Une fois à l’assemblée, et ils lui achetèrent
De bonnes noix qu’avec délice ils grignotèrent.
Jean ouvrit une avec son couteau et tira
Ce qu’il y avait dedans, et quand il l’aspira,
Sans qu’il ne réfléchît, alla jeter  la coque.
La vieille marchande qui portait des loques
Lui dit : « Ne jette pas ta coque de noix. »  « Je veux bien,
Lui répondit Jean, mais elle n’est plus bonne à rien,
Car j’ai mangé ce qu’il y avait dans ses entrailles. »
« Ramasse-la, dit la marchande. Tu me railles ?
Ne sais-tu pas que tu pourras lui commander
Ce que tu voudras, et même lui demander
De te rendre invisible ou te rendre riche ? »
Incrédule, il mit la coque, qu’il croyait chiche,
Dans sa poche, et alla encor se promener
Avec ses camarades, et semblait les mener.
Ils passèrent une journée des plus agréables ;
Au moment de partir, les petits diables
Virent que la rivière qu’il fallait traverser
Avait bien débordé, comme pour les farcer,
Et à un lac était devenue pareille.
Embarrassés, ils en avaient sur l’oreille,
Et bien qu’ils fussent hardis, aucun n’y mit son pied.
Un garçon s’écria, qui était fort inquiet :
« Ah ! c’est cette sorcière qui de nous se venge !
Nous l’avons insultée et couverte de fange,
Nous avons été bien méchants, en vérité,
Et contre nous son cœur est resté irrité.
Cherchons-la, mes amis, faisons-lui des excuses. »
« Ce que tu racontes, dit un autre, m’amuse,
Car peu de sorcières possèdent un tel pouvoir
Pour enchanter les eaux et les faire mouvoir. »
Jean leur dit de se taire, songeant au problème
Calmement, alors que ses amis étaient blêmes.
Il pensa tout à coup à sa coque de noix,
Et se dit : « Ah ! nous serons tous bien benoîts
Si je n’ai pas été moqué par la marchande !
Eprouvons cette coque, il faut que je lui demande
De nous sauver. » Il la mit à l’eau et somma :
« Coque de noix, deviens un navire aux beaux mâts
Et fais-nous tous passer. » Ses camardes virent,
Etonnés et joyeux, apparaître un navire,
Et passèrent à l’autre côté sans nul hasard,
Grâce à ce vaisseau plus rapide qu’un busard
Auquel Jean commanda, de sa demeure proche,
De redevenir coque, qu’il cacha dans sa poche.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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