jeudi 18 décembre 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (LXXVIII)

HISTOIRE DE TROIS CALENDERS, FILS DE ROIS, ET DE   CINQ DAMES DE BAGDAD (PARTIE LXXVIII)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Quand je me réveillai, le marchand prit la fuite
Et je vis la vieille dame et les femmes de ma suite
Contemplant, horrifiées, mon visage sanglant,
Qu’elles cachèrent avec mon voile moulant
Afin que les passants curieux qui accoururent
Ne s’aperçussent point du tout de ma blessure
Et qu’ils pensassent qu’un vertige m’avait pris.
La vieille dame, qui me vit perdre l’esprit,
Extrêmement troublée, me dit : « Ma bonne maîtresse,
Vous n’êtes ni mauvaise ni sombre traîtresse,
Ce qui vous arriva était ma seule erreur ;
Pardonnez-moi. De ce marchand la noire fureur
Me frappa comme vous. A lui je vous ai amenée
Car je le connaissais depuis plusieurs années,
Il est de mon pays, jamais je l’eusse cru
Capable d’un geste à ce point incongrus
Qui répugnerait aux bêtes les plus farouches.
Madame, nul mot ne sortira de nos bouches
Sur cet incident. Je vous soignerai si bien
Que de cette balafre il ne restera rien
En peu de jours ; votre mari lui-même
Qui est jaloux, que vous aimez et qui vous aime,
Ne saura jamais ce qui vous est arrivé. »
Le corps faible comme s’il était de vie privé,
Je marchai avec elles jusqu’à ma demeure.
Je criai dans ma chambre : « Il faut que je meure ! »
Et tombai évanouie une seconde fois.
Mais la vieille dame me soigna et je revins à moi
Et me mis à mon lit. Quand la nuit fut venue,
Mon mari, m’y trouvant à l’accoutumée nue,
Vit avec surprise mon chef enveloppé.
Il me demanda, de me voir ainsi frappé,
Ce que j’avais. La peur me rendit muette,
Et je bégayai que j’avais un mal de tête,
En espérant qu’il me croirait. Suspicieusement,
Il prit une bougie, et vit qu’affreusement
J’étais blessée à la joue. « D’où vous vient cette blessure ? »
M’interrogea-t-il. « Sire, les rues ne sont point sûres,
Lui répondis-je. Un porteur chargé de bois
Me blessa à la joue sans me voir. Tant de fois,
Le pauvre s’excusa de sa maladresse
En maudissant devant moi sa mère pécheresse
Qui mit au monde un abruti tel que lui,
Et je lui pardonnai de s’être mal conduit. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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