HISTOIRE DE TROIS CALENDERS, FILS DE ROIS, ET DE CINQ DAMES DE BAGDAD (PARTIE LXVI)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Je
débarquai seule, sans attendre que mes sœurs
Fatiguées,
de venir avec moi eurent le cœur.
Dans
la ville je vis une garde nombreuse
De
gens assis, et d’autres à la mine affreuse
Qui
étaient tous debout, un bâton à la main.
Ils
étaient si hideux qu’à rebrousser chemin
Je
songeai, effrayée de leurs allures étranges,
Mais,
en m’approchant d’eux, je vis qu’ils étaient de fange,
Et
ma frayeur céda place à l’étonnement.
J’essayai
de parler à ces statues vainement,
Elles
semblaient sans vie et étaient immobiles
Et
m’expliquaient le grand silence de cette ville
Où
je regrettais de venir d’aussi loin.
Même
leurs yeux terreux ne remuaient point
Et
elles étaient dans mille postures différentes.
En
contemplant vaguement leurs figures effarantes,
Je
passai ensuite au quartier des marchands,
Tout
aussi silencieux, et des yeux recherchant
Un
signe de vie dans cette grande solitude.
Les
marchands pétrifiés gardaient leurs habitudes
Mais
ils gardaient aussi un silence d’airain
Qui
planait sur cette ville comme un fantôme souverain,
Et
la plupart de leurs boutiques étaient fermées.
Dans celles qui étaient ouvertes, alarmée,
Je
vis que les patrons étaient sans mouvement,
Je
ne vis point, dans toute la ville, un toit fumant,
Et
j’en compris que les maisons étaient désertes,
Et,
bien que beaucoup de leurs portes fussent ouvertes,
Je
ne me hasardai nullement à y entrer.
En
continuant de la sorte à errer,
J’arrivai
à une vaste et belle place,
Et
de marcher ainsi étant un peu lasse,
Je
m’arrêtai, fort loin de mes sœurs et du port,
Devant
une porte couverte de plaques d’or
Aux
deux battants ouverts ; cette construction altière
Me
semblait le palais d’un roi. Une portière
D’étoffe
de soie était debout, et l’on voyait
Une
lampe sur elle dont la lumière chatoyait.
Espérant
toujours voir une créature vivante,
Je
fus une nouvelle fois emplie d’épouvante
En
ne trouvant, devant moi, que quelques portiers,
Comme
des ornements semés dans le sentier,
Quelques-uns
debout, les autres faisant la sieste,
Touchés
sans doute par le même sort funeste
Qui
affectait de cette ville les habitants
Et
les rendait muets et sourds et inquiétants.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
mercredi 1 octobre 2014
Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (LXVI)
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