HISTOIRE DE TROIS CALENDERS, FILS DE ROIS, ET DE CINQ DAMES DE BAGDAD (PARTIE LXI)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Je
me relevai, hurlant de douleur, sanglant, blême,
Affligé
du malheur que je me fis moi-même.
J’étais
dans le même château des dix seigneurs,
Comme
ils ne furent point là, malgré ma douleur,
Je
les attendis au salon. Ils arrivèrent,
Les
dix jeunes hommes borgnes et le vieillard sévère,
Et
ne parurent pas surpris de me revoir
Sans
mon œil droit, chose qu’ils devaient bien savoir.
« Seigneur,
me dirent-ils, nous nous affligeons, certes,
De
votre sombre état et de votre perte,
Mais
nous ne sommes point la cause de votre malheur. »
« Je
ne vous blâme point, leur dis-je avec douleur.
De
mon infirmité je suis moi-même la cause,
Et
je remercie le Créateur de toute chose
D’être
encore vivant et converser avec vous. »
« Votre
sort vous serait peut-être un peu plus doux,
Me
dit un jeune homme, en ayant des semblables.
Nous
perdîmes notre œil droit de la même façon coupable,
Tout
ce que vous allez dire nous est arrivé,
Des
plaisirs, comme vous, nous ne nous sommes point privés,
Et
à cause d’eux nous faisons pénitence
Pour
avoir ouvert la porte d’or en l’absence
Des
aimables princesses qui nous l’ont défendu.
Le
bonheur et l’œil que nous avons tous perdus,
Nul
ne peut nous les rendre, hélas ! Dans cette demeure,
On
se souvient encore d’eux et on les pleure
Et
nous vous aurions bien reçu comme pénitent,
Mais
nous ne pouvons vous accueillir plus longtemps
Pour
des raisons que nous garderons secrètes.
Allez
à Bagdad, et que rien ne vous arrête,
Car
vous y trouverez, et cela est certain,
Celui
qui décidera, seul, de votre destin. »
Ils
m’enseignèrent la route que je devais prendre
Et
soignèrent mon œil, et je partis sans attendre
En
me faisant raser, le cœur triste et amer,
La
barbe et les sourcils. L’habit de calender
Me
fut vendu, et dans cette capitale
Je
fis la rencontre, heureuse ou fatale,
De
ces calenders, qui étaient fort étonnés,
De
me voir comme eux borgne et abandonné.
Nous
n’eûmes point le temps de nous dire nos aventures
Que
nous racontâmes chez vous, douces créatures,
Grâce
au secours que vous nous avez accordé. »
« Vous
avez tous trois fait ce que j’ai demandé,
Dit
Zobéide, fort éblouie de cette histoire.
Partez
en paix, maintenant. » « La nuit est bien noire,
Dit
un calender. Dès l’aube, aux premières lueurs,
Nous
partirons. Pour ouïr l’histoire de ces seigneurs,
Souffrez
que nous restions, mes aimables dames. »
Zobéide
accepta et les autres femmes ;
Se
tournant vers Mesrour, le Calife et Giafar,
Elle
leur dit : « Racontez votre histoire, il est tard. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
mercredi 27 août 2014
Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (LXI)
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