mercredi 27 août 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (LXI)

HISTOIRE DE TROIS CALENDERS, FILS DE ROIS, ET DE   CINQ DAMES DE BAGDAD (PARTIE LXI)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Je me relevai, hurlant de douleur, sanglant, blême,
Affligé du malheur que je me fis moi-même.
J’étais dans le même château des dix seigneurs,
Comme ils ne furent point là, malgré ma douleur,
Je les attendis au salon. Ils arrivèrent,
Les dix jeunes hommes borgnes et le vieillard sévère,
Et ne parurent pas surpris de me revoir
Sans mon œil droit, chose qu’ils devaient bien savoir.
« Seigneur, me dirent-ils, nous nous affligeons, certes,
De votre sombre état et de votre perte,
Mais nous ne sommes point la cause de votre malheur. »
« Je ne vous blâme point, leur dis-je avec douleur.
De mon infirmité je suis moi-même la cause,
Et je remercie le Créateur de toute chose
D’être encore vivant et converser avec vous. »
« Votre sort vous serait peut-être un peu plus doux,
Me dit un jeune homme, en ayant des semblables.
Nous perdîmes notre œil droit de la même façon coupable,
Tout ce que vous allez dire nous est arrivé,
Des plaisirs, comme vous, nous ne nous sommes point privés,
Et à cause d’eux nous faisons pénitence
Pour avoir ouvert la porte d’or en l’absence
Des aimables princesses qui nous l’ont défendu.
Le bonheur et l’œil que nous avons tous perdus,
Nul ne peut nous les rendre, hélas ! Dans cette demeure,
On se souvient encore d’eux et on les pleure
Et nous vous aurions bien reçu comme pénitent,
Mais nous ne pouvons vous accueillir plus longtemps
Pour des raisons que nous garderons secrètes.
Allez à Bagdad, et que rien ne vous arrête,
Car vous y trouverez, et cela est certain,
Celui qui décidera, seul, de votre destin. »
Ils m’enseignèrent la route que je devais prendre
Et soignèrent mon œil, et je partis sans attendre
En me faisant raser, le cœur triste et amer,
La barbe et les sourcils. L’habit de calender
Me fut vendu, et dans cette capitale
Je fis la rencontre, heureuse ou fatale,
De ces calenders, qui étaient fort étonnés,
De me voir comme eux borgne et abandonné.
Nous n’eûmes point le temps de nous dire nos aventures
Que nous racontâmes chez vous, douces créatures,
Grâce au secours que vous nous avez accordé. »
« Vous avez tous trois fait ce que j’ai demandé,
Dit Zobéide, fort éblouie de cette histoire.
Partez en paix, maintenant. » « La nuit est bien noire,
Dit un calender. Dès l’aube, aux premières lueurs,
Nous partirons. Pour ouïr l’histoire de ces seigneurs,
Souffrez que nous restions, mes aimables dames. »
Zobéide accepta et les autres femmes ;
Se tournant vers Mesrour, le Calife et Giafar,
Elle leur dit : « Racontez votre histoire, il est tard. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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