HISTOIRE DE TROIS CALENDERS, FILS DE ROIS, ET DE CINQ DAMES DE BAGDAD (PARTIE LX)
Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Le
calender reprit : « Dans le monde où nous sommes,
L’impatience
est le mal dont souffrent tous les hommes.
Une
seule nuit, mesdames, me séparait de voir
Mes
belles princesses, mais je n’eus point le pouvoir
De
lutter contre ma curiosité sombre.
J’ouvris
donc la porte fatale dans l’ombre,
Séduit
sans doute par un démon trompeur.
Dès
que je le fis, une bonne et puissante odeur
Me
fit évanouir. Mais, ô tentation coupable !
A
mon réveil je n’en fus pas plus raisonnable
Et
ne profitai point de cet avertissement
Pour
refermer la porte et m’en aller. Follement,
Je
respirai un peu et m’avançai encore.
Des
flambeaux aux rayons vifs comme des aurores
Eclairaient
un lieu vaste, bien voûté et fort beau.
J’ajouterai,
mesdames, que ces riches flambeaux
Etaient
tous d’or massif. Leurs bougies allumées
Etaient
d’aloès et d’ambre gris parfumées.
En
marchant, ébloui par cette illumination,
Une
chose singulière retint mon attention,
C’était
un cheval noir, bête formidable,
A
laquelle je ne vis jamais rien de semblable,
Je
m’approchai de lui pour mieux le contempler
Sans
que je ne pusse m’empêcher de trembler ;
Sa
bride et sa selle étaient d’or toutes deux faites
Et
il ressemblait à la monture du Prophète,
Le
sésame, l’eau de rose et l’orge mondé
Emplissaient
son auge. Je voulus le sonder
Et
il me sembla calme et même trop timide,
Et
moi, téméraire, je le pris par la bride
Et
montai sur lui. Mais, dès qu’il sentit mon poids,
Avec
un bruit horrible qui causa mon effroi
Il
se mit à hennir en ouvrant ses ailes
Dont
je ne m’aperçus pas. Comme une chose frêle,
Il
m’emporta, dans les nuages, jusqu’aux lueurs.
Je
me tins bien ferme, malgré toute ma frayeur.
Le
cheval atterrit enfin sur la terrasse
D’un
château magnifique ; avant que je n’eusse
Le
temps de mettre pied à terre, il me secoua
Et
si violemment d’un coup farouche me roua
Qu’il
me fit tomber sur-le-champ en arrière
Et
me creva l’œil droit de sa queue meurtrière.
C’est
ainsi, mesdames, que je devins comme je suis,
Un
œil voyant le jour, l’autre voyant la nuit.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
mardi 26 août 2014
Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (LX)
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