mardi 26 août 2014

Histoire de trois calenders, fils de rois, et de cinq dames de Bagdad (LX)

HISTOIRE DE TROIS CALENDERS, FILS DE ROIS, ET DE   CINQ DAMES DE BAGDAD (PARTIE LX)

Poèmes de "la série Mille et une Nuits":
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Le calender reprit : « Dans le monde où nous sommes,
L’impatience est le mal dont souffrent tous les hommes.
Une seule nuit, mesdames, me séparait de voir
Mes belles princesses, mais je n’eus point le pouvoir
De lutter contre ma curiosité sombre.
J’ouvris donc la porte fatale dans l’ombre,
Séduit sans doute par un démon trompeur.
Dès que je le fis, une bonne et puissante odeur
Me fit évanouir. Mais, ô tentation coupable !
A mon réveil je n’en fus pas plus raisonnable
Et ne profitai point de cet avertissement
Pour refermer la porte et m’en aller. Follement,
Je respirai un peu et m’avançai encore.
Des flambeaux aux rayons vifs comme des aurores
Eclairaient un lieu vaste, bien voûté et fort beau.
J’ajouterai, mesdames, que ces riches flambeaux
Etaient tous d’or massif. Leurs bougies allumées
Etaient d’aloès et d’ambre gris parfumées.
En marchant, ébloui par cette illumination,
Une chose singulière retint mon attention,
C’était un cheval noir, bête formidable,
A laquelle je ne vis jamais rien de semblable,
Je m’approchai de lui pour mieux le contempler
Sans que je ne pusse m’empêcher de trembler ;
Sa bride et sa selle étaient d’or toutes deux faites
Et il ressemblait à la monture du Prophète,
Le sésame, l’eau de rose et l’orge mondé
Emplissaient son auge. Je voulus le sonder
Et il me sembla calme et même trop timide,
Et moi, téméraire, je le pris par la bride
Et montai sur lui. Mais, dès qu’il sentit mon poids,
Avec un bruit horrible qui causa mon effroi
Il se mit à hennir en ouvrant ses ailes
Dont je ne m’aperçus pas. Comme une chose frêle,
Il m’emporta, dans les nuages, jusqu’aux lueurs.
Je me tins bien ferme, malgré toute ma frayeur.
Le cheval atterrit enfin sur la terrasse
D’un château magnifique ; avant que je n’eusse
Le temps de mettre pied à terre, il me secoua
Et si violemment d’un coup farouche me roua
Qu’il me fit tomber sur-le-champ en arrière
Et me creva l’œil droit de sa queue meurtrière.
C’est ainsi, mesdames, que je devins comme je suis,
Un œil voyant le jour, l’autre voyant la nuit.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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