Les pêcheurs du cap Fréhel
Chantent des
poèmes d’amour à Saint-Malo,
On voit, plus
blancs que les sillons de l’écume,
Radieux comme un
flambeau que la mer allume,
Dans le sentier
des ondes les doux sillons
De la robe de
Marie, emplie de rayons,
Car elle passe
pour calmer, quand elle les touche,
L’invincible furie
des océans farouches
Qui obéissent à
ses divins commandements.
On entend les
oiseaux chanter au firmament
Pour accueillir la
sainte et éternelle Vierge ;
En mille sept cent
cinquante-huit, comme sur des cierges
Sur les étoiles
qui rayonnaient elle souffla
Pour cacher les
Français, désespérés et las,
A leurs ennemis,
et on les vit s’éteindre,
Et leurs
assaillants, qui ne pouvaient les craindre,
Rebroussèrent
chemin, effrayés des écueils.
Lorsque la nuit
tombe, noire comme le deuil,
Sur ce bienheureux
et calme rivage,
Des fées et des
sirènes, rivales de l’orage,
Sublimes créatures
aux chevelures d’or,
Les chants
harmonieux bercent la mer qui dort,
Mais aux marins
elles ne sont point rebelles
Et elles sont
douces comme elles sont belles,
Et maintes fois
elles sauvèrent du trépas
Les pêcheurs
imprudents qui ne les voyaient pas
En conduisant
leurs voiles loin des farouches ondes
Qui, quand elles
les voient passer, gémissent et grondent.
Un dimanche, près
du cap que l’on nomme Fréhel
Que contemple
l’église mouillée de Pléhérel
Dont les racines
sont les flots, et les branches
Les nuages aussi
blancs que l’écume blanche,
Pendant la messe,
un joyeux groupe de pêcheurs
Au lieu de chanter
les louanges du Seigneur,
Etait réuni, horde
impie et criminelle.
Ces audacieux
gaillards venaient de Reynelle
Et ils voulaient,
puisque la magnanime mer
Etait vide à cette
heure comme un désert
Y tendre leurs
lignes avides et coupables.
De la grève
immense les mille grains de sables
Sont moins
nombreux que ses innombrables poissons,
Les voiles de
Saint-Cast et de Saint-Jacut sont
Comme les voiles
de Plévenon, maintes fois revenues
De cette mer
clémente, antique et chenue,
Appesanties par le
fardeau des lourds présents.
Bonhomme Tonnerre,
pêcheur à l’œil méprisant,
En jurant dit à
ses vaillants frères d’armes :
« Par
Dieu ! La mer est calme et comme une larme
De Jésus, elle
coule, radieuse, lentement !
Il n’y a que nous
quatre sous le bleu firmament,
Nous somme seuls,
nous serons riches ! Mouillons la voile !
N’attendons point
la nuit et ses blêmes étoiles,
Pêchons, pendant
que les autres prient en tremblant !
Soudain, ils
virent une femme vêtue de blanc
Venir à eux, belle
mais affreusement hagarde,
En marchant sur
les flots. « Le Seigneur vous regarde
Leur dit-elle.
Craignez son invincible courroux
Ou le bras de mon
fils, ô, malheureux ! Sur vous
S’appesantira
comme un faix inexorable ! »
Bonhomme Tonnerre
dit à la Vierge vénérable :
«Noire sorcière,
de ton sinistre avertissement
Nous ne tremblons
point. Va-t’en, reviens rapidement
A ton chaudron et
à ton manoir, ou je jure
Que tu
mourras » Levant au ciel ses prunelles pures,
Marie soupira et
disparut. Ce jour-là
La mer devint
furieuse et elle avala
Ces pêcheurs
impies et leur voile que rien ne freine.
Et depuis, on ne
voit ni fées ni sirènes
Errer dans ces
ondes que la Vierge maudit ;
Sans qu’elle dît
un mot, le Seigneur l’entendit
Et vida cette mer,
désormais aride,
Et toujours farouche,
de ses poissons rapides.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mercredi 11 juillet 2012
Les pêcheurs du cap Fréhel
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