Le pari et la fourberie d’un vieillard
Dit : « Kaïs
ibn Sâad, comme Mahomet chamelier,
Est le plus
généreux et le plus saint des hommes »
Le deuxième
dit : « Dans le monde où nous sommes
Abdullah ibn
Jaafar, brave dans le combat,
Est le plus
généreux » « Par Dieu ! C’est Oraba
Qui est des
mortels le plus magnanime !
Dit le troisième.
Et toujours nous le vîmes
Donner aux pauvres
tout ce que portaient ses mains,
Et il est sans
doute le plus preux des humains »
Ils se
querellèrent et se dirent des mots rudes.
Un vieillard qui passait leur
dit : « La solitude
Des hommes éprouve
la générosité ;
Que chacun de vous
trois aille seul visiter
Son élu, vêtu de
haillons, et qu’il laisse
Ici son cheval et
le sabre qui blesse,
Je serai, moi
vieillard, le juge impartial
Qui de ce
différend dira le mot final.
Que chacun de vous
s’en aille et revienne,
Je vous attendrai
dans ces lieux, ma gourde est pleine,
Je m’endormirai à
l’ombre de ces rameaux »
Ils s’en allèrent.
Le premier homme, sur son chameau
Vit Kaïs ibn Sâad
et lui dit : « Mon frère,
Pauvre et affamé,
depuis trois jours j’erre
Le cœur triste et
la main ouverte, demandant
L’aumône. Mais je
crois que le soleil ardent
Est plus doux que
les hommes qui me ferment leurs portes »
« Manant,
prends ce chameau et tout ce qu’il porte »
Répondit
Kaïs, aux lèvres un sourire doux.
Vêtu de loques où
l’on voyait maints trous,
Le deuxième homme
alla rendre visite
A Abdullah. A la
porte de son gîte
Il frappa deux
fois. Son esclave qui sortit
Lui
dit : « Je suis seul et mon maître est parti.
Que
désires-tu ? » L’homme répondit : « Je suis pauvre,
Je marche depuis
deux jours et j’ai la fièvre,
Pitié, je vais
mourir ! » Et l’esclave, content,
Lui
dit : « Pauvre homme, je vais revenir, attends.
Mon maître a
promis qu’il brisera mes chaînes
Quand au premier
manant je ferai l’aumône »
L’esclave s’en
alla et revint rapidement
A l’homme qui
feignait de gémir douloureusement
Dire : « Prends
ces trois mille dinars. Va à l’étable
Et choisis un cheval.
Homme misérable,
Que Dieu te
bénisse, je suis libre grâce à toi »
Le troisième
homme, poussant des soupirs pleins d’émois,
Alla voir Oraba
dans sa chaumière
Qui était aveugle
et allait à la prière
Aidé par deux
esclaves marchant à ses côtés.
Par ses
gémissements suppliants arrêté,
Il lui
dit : « Prends ces deux esclaves qui sont mes ailes.
C’est tout ce que
j’ai, ils sont jeunes et pleins de zèle,
Serviteurs fidèles
et habiles ouvriers »
Et dans l’ombre
Oraba, qui s’en alla prier,
Aux murs se cognait
et trébuchait, âme pure.
Les trois hommes
se dirent leurs trois aventures
Et
s’écrièrent : « Par Dieu ! C’est le malheureux
Oraba, qui est des
hommes le plus généreux !
A nos bienfaiteurs
nous rendrons ce qu’ils possèdent,
Mais revenons voir
ce vieillard, qu’il nous aide
A choisir le
vainqueur parmi nos trois rivaux »
Ils ne le virent
point. A la place de leurs chevaux,
Ils trouvèrent un
billet où ils lurent, livides :
« Ces hommes
sont généreux et vous êtes stupides »
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
jeudi 12 juillet 2012
Le pari et la fourberie d’un vieillard
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