mardi 10 juillet 2012

La pauvresse et ses enfants


La pauvresse et ses enfants


 Ce poème est dédié à ces pauvres mères, ces mères oubliées qui vivent dans des régions oubliées de notre Tunisie, et qui n'ont pas accès, depuis un mois déjà, à l'eau potable!

La mère est seule et gémit dans son bouge
Où l’hiver entre, morne invité,
Et s’en va, suivi du cruel été
Qui rend ses joues roses affreusement rouges,

Les saisons ne frappent point à la porte
Mais elles entrent à ce taudis, l’œil hautain,
Comme par les serrures des lutins
Par les trous du toit dont elles sortent,

Toute la famille des vents est venue
De cette femme s’offrir l’hospitalité,
Le zéphyr, le sirocco redouté
Et leur sœur, la brise blanche et nue,

Les doux rayons et les farouches averses
Peu courtois, ont maintes fois assailli
Leur hôtesse qui a subitement vieilli
Comme un chêne que les houles traversent

En faisant tomber ses feuilles pâles !
Qu’il fasse chaud ou qu’il fasse froid,
Elle et ses enfants, astrologues tous trois,
Sans sortir peuvent contempler les étoiles,

Et souvent, quand la nature assiège
En hiver les hommes et les éléments,
Ils ne pouvaient plus voir le firmament,
Captifs tremblants d’une prison de neige !

Ils sont là, l’ange qui gémit sans cesse
Et les deux angelots qui pleurent sans fin,
L’un semble dire : « J’ai soif ! » l’autre : « J’ai faim ! »
Et leur mère livide qui les caresse

Presse son sein maigre pour qu’il tombe
Dans leurs bouches quelques gouttes de lait ;
Dans sa demeure dont l’odeur déplaît
Pareille à un cadavre dans une tombe,

Elle semble dire à ses petits, lasse,
Sans jamais faire tomber son fardeau :
« Je n’ai plus de lait, nous n’avons point d’eau,
Attendez que le gouvernement passe ! »



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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