samedi 30 juin 2012

Le Pardon


Le Pardon


La géhenne dit à Dieu : « Mon feu me consume
Et depuis des siècles innombrables il s’allume
Radieux et éternel, en embrasant mon flanc !
J’attends les âmes damnées et les pécheurs tremblants
Qui s’endormiront, quand viendra la fin du monde,
Dans la couche enflammée de mes entrailles profondes 
Rongés par ma griffe et accablés de fers !
Dieu, vous m’avez créée avant votre univers,
Avant Adam, avant les anges et les âmes,
C’est de votre lumière que vient ma flamme
Comme les océans viennent de vos pleurs,
Bien avant les étoiles, bien avant les fleurs,
Quand toute la création n’était qu’une pensée
Dans votre esprit, j’étais là, de reluire lassée !
Je suis la gueule de votre éternel courroux
Comme l’éden est la bouche de votre pardon doux,
Comme vous je sais les noms de tous les infidèles
Dont les noirs péchés font remuer mes ailes
Pour empourprer mon feu qui est déjà ardent ;
Je veux les déchirer ensemble avec mes dents !
Avec mes griffes je veux ronger leurs chairs coupables !
Je suis lasse d’attendre, châtions ces misérables
Qui ont fait le mal et qui vous ont renié !
Que cette heure soit l’heure du Jugement dernier
Car par trop de péchés mes flammes sont rougies !
Eteignez le soleil comme une pâle bougie
Et ordonnez à vos archanges courroucés
De descendre sur Terre et de la terrasser ! »

Calme, Dieu répondit à la furieuse géhenne :
« Attends que l’heure fatale du Jugement vienne »

Quinze siècles passèrent, d’années appesantis,
Et le cor terrible du Jugement retentit
En réveillant les morts de leurs tombes étroites.
Dans les ténèbres immenses, la géhenne moite
Hurla : « Justice, vengeance et châtiment ! Enfin !
Venez, âmes damnées ! Venez, pécheurs ! J’ai faim ! »
Ô, heure terrible, affreuse et solennelle
Où reluit le glaive de la justice éternelle
Et où le dernier homme contemple le premier !
Jour doux aux justes et aux méchants meurtrier
Où l’immensité s’ouvre comme s’ouvre une porte,
Où tout est éternel car la Mort est morte
Et où tout est courbé par la divine loi !

Dieu souffla sur l’enfer et lui dit : « Éteins-toi »



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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