vendredi 29 juin 2012

La bataille de Khaïbar


La bataille de Khaïbar


Mahomet est là, dans l’oasis de Khaïbar,
Avec deux mille soldats comme leurs chevaux hagards,
Tous las d’un éternel et périlleux siège.
Les jeunes guerriers et les guerriers dont la neige
Des farouches combats a blanchi les cheveux,
Fatigués, ont dit maintes fois à leur chef : « On veut
Revoir nos foyers et embrasser nos femmes.
Un mois a passé. Cette forteresse infâme
Ne tombera jamais ! Nous voulons revenir
Chez nous, Mahomet ! » et d’Uhud le noir souvenir
Hante maintenant les esprits de ces braves.
Mahomet leur a dit, l’air confiant et grave :
« Reposez-vous un peu, cette forteresse tombera. »
Il appelle Abubaker et lui dit : « Ton preux bras
Est béni par Dieu. Va, attaque cette forteresse. »

Le baiser de l’épée et les sombres caresses
Des lances enivrent les cœurs des combattants.
Les flèches pleuvent du ciel et le mont titan
Sur lequel la haute forteresse est construite
Semble railler l’ardeur des guerriers. On évite
Les coups et on les rend. Cinq cents hommes ont péri
Par le sabre et la fièvre que le trépas guérit.
Un jour est passé, mais on eût dit une année
Tellement la lutte est âpre dans l’oasis damnée
Et qui ressemble moins à l’éden qu’à l’enfer.
Désespéré et las, le preux Abubaker
Revient à Mahomet et lui dit : « La guerre
Fatigue nos soldats. Et ne tremblant guère
De nos vaines épées et de nos inutiles coups,
Cette noire forteresse semble se rire de nous !
Par Dieu, Mahomet ! Nos ennemis nous assaillent
Et ils sont plus nombreux. Quittons cette bataille
Ou nous périrons tous. » « Donne-moi l’étendard. »
Répond Mahomet. Et il appelle Omar
Et lui dit : « Tu es le plus brave de tous les hommes,
Porte cet étendard et remets ton heaume,
En combattant pour moi, tu combats pour Dieu. »

Omar rugit, comme l’ouragan furieux
Et à la bataille court comme la houle.
Le combat se poursuit, des blessures le sang coule
Comme l’eau d’un ruisseau que caresse le vent.
Impétueux, Omar crie, farouche : « En avant ! »
Et les chevaux rapides trébuchent aux cadavres.
Deux jours sont passés. Nul abri et nul havre
Ne cachent les combattants aux ondes du combat.
Le brave Omar revient à Mahomet, et las
Lui dit : « Cette forteresse par Dieu est fermée !
Repliez-vous, ou vous n’aurez plus d’armée. »
Mahomet impassible répond : « Omar, donne-moi
L’étendard. Tu as bien combattu, repose-toi. »
Et il appelle Ali qui, dans leurs repaires,
Va effrayer les lions quand il veut se distraire,
Et lui dit : « Cousin, prends cet étendard et pars
Combattre nos ennemis. Je te donne Zulfikar
Mon épée forgée par Dieu, que nul ne brise. »

Furieux comme la foudre et léger comme la brise,
Ali est monté sur son sombre destrier.
Le combat continue, terrible et meurtrier.
Zulfikar reluit et occit les infidèles
Et semble un monstre qui a des griffes et des ailes
Quand elle tombe, rapide, sur les têtes des ennemis.
Trois jours sont passés. Le cheval blessé gémit
Et en faisant tomber son cavalier tombe.
Ali combat toujours, courroucé comme la trombe
Qui fait tournoyer les flots tremblants de la mer.
Mille coups ont brisé son bouclier de fer ;
Il a l’épée au poing et au cœur l’audace.
Que fait-il ? Il court seul vers la forteresse
Et en poussant un long rugissement surhumain
Le voilà, géant et qui a à la main
Au lieu du bouclier, sa porte colossale.

Ali a courbé la forteresse pâle. 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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