jeudi 28 juin 2012

La Troïka maudite


La Troïka maudite


Ben Jaafar, Marzouki et Jebali :
Têtes de la même hydre qui nous dévore
Et dont l’aile droite nous cache l’aurore
Et l’aile gauche le jour qui pâlit !

Pour forger la tyrannie, Ben Jaafar
Ploie le peuple qui gémit sur l’enclume
Embrasé par le feu qu’il allume
Avec son ardent et farouche regard

Quand, armé de son marteau effrayant,
Il le courbe avec ses coups terribles,
Juge inexorable et impassible
Et qu’on ne voit jamais souriant !

Marzouki, fou comme l’était Néron,
Dans l’ombre contemple son noir sceptre
Et dit en donnant des ordres aux spectres
Qui errent devant lui, une balafre au front :

« Je suis votre maître, obéissez !
Ben Ali, je suis assis sur ton trône,
Ma tête appesantie par ta couronne !
Ciel, fais choir ta foudre, houles, gémissez,

Grondez, orages, hurlez, océans !
Nulle puissance, humaine ou céleste,
De ce palais hanté où je reste
Ne me fera sortir, antique Géant ! »

Et Jebali sourit, la dague au poing,
Mystérieux comme le Sphinx qui médite,
En maudissant l’Opposition maudite ;
Quand on le regarde, on voit de loin

La lueur des sombres assassinats
Reluire dans ses yeux pleins de flamme,
Démon infernal qui a une âme
Que le Diable, et non Dieu, lui donna !

Troïka, monstre que l’abîme profond
A enfanté ! Créature farouche
Qui a une gueule et n’a pas de bouche
Et qui sortit des ténébreux tréfonds,

Créée par on ne sait quel dieu mauvais
Qui choisit le pays où nous sommes
Et l’envoya châtier les hommes
Et le peuple plein d’espoir, qui rêvait

De démocratie et de liberté,
De travail, d’égalité, de justice,
Et qui gémit de cet affreux supplice
Par l’ombre, la main au menton, médité ! 



Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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