CONTE: LE FORGERON MISÈRE (PARTIE IiI)
III. Les trois vœux du forgeron Misère
Misère dit enfin : « De mon
vieil escabeau
Je veux que comme un mort de son profond
tombeau
On ne puisse jamais se lever, homme ou
bête,
Sans que moi, Misère, je ne le permette. »
« Accordé ». La femme de
Misère gémit
Tout bas : « Deviens-tu fou,
Misère, mon ami ?
Nous sommes pauvres à jeter, dans la
détresse,
Et tu ne demandes pas à Dieu la richesse !
Que va nous rapporter cet escabeau
maudit ? »
Misère fait taire sa pauvre femme et dit
Au Seigneur : « Un pommier est
devant ma porte
Qui est toujours volé. Que le diable
emporte
Tous les voleurs ! Comme pour l’escabeau,
je veux
Que ceux qui y grimpent, comme dans un
verveux
Soient pris, et ne puissent qu’à mon
ordre descendre. »
La femme de Misère, affolée de l’entendre,
Pestait : « Misère, perds-tu
la tête ? Un pommier !
Les pommes, tu pourrais en acheter des
milliers,
Pauvre fou qui à l’or ose jeter des
pierres !
Que dis-je, des millions, une forêt
entière
Si nous étions riches ! C’est
ton dernier vœu, là !
Réfléchis donc un peu, ne sois pas fou,
hélas ! »
Quand il eut réfléchi, le forgeron
Misère
Après avoir sorti de sa poche de hère
Une vieille bourse de cuir, vide souvent
Et qui ne contenait que la faim et le
vent,
Demanda au Seigneur : « Je
veux que rien n’entre
Dans cette bourse de cuir, comme dans
mon ventre,
Ni n’en sorte jamais sans ma permission. »
« Accordé ». Le Seigneur, sa
divine mission
Accomplie, s’en alla. Criant et en larmes,
La femme de Misère en fit un vacarme,
Injuriant son époux, bien fou en vérité,
Qui se mit au travail sans paraître
irrité.
[A SUIVRE]
Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2175.
dimanche 6 mai 2018
Conte: Le forgeron Misère (Partie III)
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