dimanche 6 mai 2018

Conte: Le forgeron Misère (Partie III)

CONTE: LE FORGERON MISÈRE (PARTIE IiI) 




III. Les trois vœux du forgeron Misère

Misère dit enfin : « De mon vieil escabeau
Je veux que comme un mort de son profond tombeau
On ne puisse jamais se lever, homme ou bête,
Sans que moi, Misère, je ne le permette. »
« Accordé ». La femme de Misère gémit
Tout bas : « Deviens-tu fou, Misère, mon ami ?
Nous sommes pauvres à jeter, dans la détresse,
Et tu ne demandes pas à Dieu la richesse !
Que va nous rapporter cet escabeau maudit ? »
Misère fait taire sa pauvre femme et dit
Au Seigneur : « Un pommier est devant ma porte
Qui est toujours volé. Que le diable emporte
Tous les voleurs ! Comme pour l’escabeau, je veux
Que ceux qui y grimpent, comme dans un verveux
Soient pris, et ne puissent qu’à mon ordre descendre. »
La femme de Misère, affolée de l’entendre,
Pestait : « Misère, perds-tu la tête ? Un pommier !
Les pommes, tu pourrais en acheter des milliers,
Pauvre fou qui à l’or ose jeter des pierres !
Que dis-je, des millions, une forêt entière
Si nous étions riches ! C’est ton dernier vœu, là !
Réfléchis donc un peu, ne sois pas fou, hélas ! »
Quand il eut réfléchi, le forgeron Misère
Après avoir sorti de sa poche de hère
Une vieille bourse de cuir, vide souvent
Et qui ne contenait que la faim et le vent,
Demanda au Seigneur : « Je veux que rien n’entre
Dans cette bourse de cuir, comme dans mon ventre,
Ni n’en sorte jamais sans ma permission. »
« Accordé ». Le Seigneur, sa divine mission
Accomplie, s’en alla. Criant et en larmes,
La femme de Misère en fit un vacarme,
Injuriant son époux, bien fou en vérité,
Qui se mit au travail sans paraître irrité.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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