jeudi 22 décembre 2016

Suicide au révolver

suicide au révolver

Édouard Manet, Le Suicidé (1877-1881)

Comme une jeune fille une fleur printanière 
Qu’elle respire avec douceur dans les prés verts,
Un suicidé, hâtant son heure dernière,
Couché dans son lit, tient son fumant révolver.

Il dort d’une façon étrange et nonchalante
Pareil à un enfant dans son berceau chéri,
Nul soupir ne remue sa poitrine sanglante,
Des affres de la vie par le trépas guéri ;

Il voulut écrire ; cela lui sembla bête,
Et il n’écrivit point une lettre d’adieu
Mais intrépidement se fit sauter la tête
En songeant à l’enfer, au néant et à Dieu.

Pourquoi donc ? Ô lecteur, ce n’est pas votre affaire !
Il était peut-être las de vous et de moi,
Des vivants, de la vie et des somnifères,
De son travail, ou de l’amour et ses émois,

Ou s’ennuyait de tout, mais à la fin, qu’importe ?
Il est mort sans amis et sans maîtresses, seul,
Du Néant éternel ouvrant la grande porte,
Un révolver à la main, dans l’autre un linceul.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: