conte: la mère de saint pierre
La mère de saint
Pierre était si méchante
Quand sur terre
elle était autrefois vivante,
Que Dieu ne
souffrit pas, pécheresse jadis,
Qu’elle séjournât,
après sa mort, au paradis.
Or saint Pierre
en était si triste et si sombre
Qu’il ne
mangeait plus rien, maigre comme une ombre
Et pleurant tout
le jour, affligé et amer,
Comme s’il était
lui-même un damné aux enfers.
Quand le
Seigneur le vit : « D’où viennent ces larmes ?
Lui demanda-t-il,
et qu’est-ce qui t’alarme ? »
« Ah !
Seigneur, s’écria le saint, mais vous savez
Que ma mère
gémit aux enfers ! Vous l’avez
Condamnée à
mille siècles de souffrance,
Et elle ne verra
jamais la délivrance. »
« Elle le
mérite, répondit le Seigneur.
Seuls demeurent
ici les plus purs et les meilleurs ;
Ta mère, avant
qu’elle ne lui fût ravie,
N’a point fait
de bonnes actions dans sa vie.
Elle était
méchante et, raillant la charité,
Méprisait,
blasphémait, cachait la vérité.
Si tu en trouves
une, même insignifiante,
Alors j’exaucerai
tes prières suppliantes. »
« J’en
trouverai, Seigneur », dit saint Pierre content,
Et se mit à
feuilleter, sans qu’il perdît de temps,
Le livre énorme
où sa vie était écrite.
Pas une bonne
action ! « Elle le mérite,
Se dit-il maintes
fois, mais je dois la sauver. »
Et le saint
réussit enfin à en trouver :
Elle donna un
jour – chose vénérable –
Une feuille de
poireau à un misérable
Qui n’avait rien
mangé et se mourait de faim.
« Ah !
enfin ! s’écria alors le saint, enfin ! »
Et alla dire à
Dieu la bonne nouvelle
Qui souffrit d’accueillir
chez lui cette mortelle.
Saint Pierre,
qui quelques moments alors songea,
Prit une feuille
de poireau, qui s’allongea
Magiquement jusqu’à
la profonde géhenne.
Sa mère, ne
trouvant point la chose vaine,
De toutes ses
forces s’y suspendit rêchement
En poussant
mille cris de joie farouchement.
Un damné, la
voyant, s’accrocha à elle,
Puis mille
autres, et toutes les âmes criminelles ;
L’enfer devint
vide ! Mais s’en apercevant,
La méchante
femme, de son salut rêvant
Et méprisant
celui des autres victimes,
Donnait des
coups de pied : « Mon fils magnanime,
Hurlait-elle
avec rage, a envoyé pour moi
Cette feuille,
car il a maudit mes émois. »
Saint Pierre lui
criait d’une voix amère :
« Ce n’est
point moi qui vous l’ai envoyée, mère !
C’est le
Seigneur ! soyez bonne, il vous bénira,
Et votre
supplice grâce à lui finira. »
Mais sa mère,
ingrate, ne voulait rien entendre
Et pour qu’au
paradis aucun ne pût se rendre,
Donnait aux
malheureux de plus grands coups de pied.
« Tu vois,
dit le Seigneur, tu vois, mon fils, qu’il sied
Que ta mère aux
enfers éternellement demeure. »
Pierre, baissant
alors sa tête qui pleure,
Acquiesça, et le
cœur redevenu amer,
Laissa tomba la
feuille et sa mère aux enfers.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 12 juin 2016
Conte: La mère de saint Pierre
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