CONTE: u Bastelicacciu
Il y a des
années, à Bastelica, un homme
Avait pour tous
bien un moulin et une femme.
Le moulin qu’il
avait ne lui rapportait rien
Sa femme lui
disait toujours : « C’est vrai ! c’est bien ! »
Et trouvait
sages ses idées les plus folles.
Un jour, le
meunier dit : « Il faut que j’immole
Ce moulin, qui
ne sert à rien ! Tout va changer,
Nous trouverons
bientôt à boire et à manger,
Car je pense à
acheter une bonne vache
Qui nous donnera
du lait. Cela te fâche ?
En plus du lait,
tous les ans nous aurons un veau
Ramenant de l’argent
beaucoup plus qu’il n’en vaut. »
« Tu as
raison, lui dit sa candide épouse,
Va vendre ce
moulin que remplit la bouse. »
Le meunier le
vendit vite pour six cents francs.
Il acheta une
vache et revenait en courant,
Puis pensa,
fatigué : « Ah, je suis bien bête
D’acheter cette
vache ! où avais-je la tête ?
A quoi diable
cela pourra-t-il me servir ?
Si cette grosse
vache pense un jour à sévir
Elle m’éventrera
avec ses grandes cornes. »
Et à cette
pensée il devint soudain morne
Et se dit encore :
« J’achèterai un cheval !
Il se nourrira d’un
peu d’herbe dans le val,
Ne me coûtera
rien, et sera ma monture. »
Sur son cheval
quelqu’un passait d’aventure
Et le meunier
lui dit : « mon brave cavalier,
Pour ton cheval
chenu au pas irrégulier
Je te donne ma
vache aux pesantes mamelles. »
Sur son cheval
il dit : « Ah ! quelle haridelle !
Quand je ne
voyagerai plus, ça ne sera bon
A rien, ma foi !
Pourquoi ce cheval moribond ?
Je ferai mieux d’acheter,
à la place, une chèvre. »
Et comme
tourmenté par une grande fièvre,
Le meunier s’agitait
et était affligé.
Il vit soudain
passer devant lui un berger :
« Pour ce
cheval, lui dit-il, qui est beau et preste,
Je veux ta
chèvre la plus belle et la plus leste. »
Le berger
accepta. « Et puis-je la choisir ? »
« Oui ».
Et le meunier en choisit une à loisir,
Et qui en vérité
était la plus grasse.
Mais il s’en
ennuya bientôt, et l’âme lasse,
Se dit : « Ah !
que faire de ce fourbe animal ?
C’est
capricieux, et ses caprices font bien mal !
Je pourrai
mourir à cause de cette bête. »
Alors qu’elle
mangeait calmement son herbette,
Un homme passa. « Venez,
bonhomme, je vends
Cette chèvre grasse
et leste comme le vent. »
« Combien ? »
« Vingt francs. » « C’est fait. » après quelques heures,
Notre meunier,
avant de gagner sa demeure,
Pensa : « Je
suis bien sot ! J’ai vendu mon moulin
Pour vingt francs !
Je serai cette fois plus malin :
Je vais acheter
des poussins et une poule !
Tous les matins
j’aurai de beaux œufs en foule
Et de temps à
autre mangerai un poulet. »
Cependant qu’il
rêvait de la sorte et allait,
Il s’arrêta
devant une petite ferme.
Il négocia un
peu et, bien qu’il fût ferme,
Acheta à vingt
francs la poule et les poussins.
Les conduire fut
bien difficile ; à dessein
De s’en
débarrasser, le meunier qui erre
Les échangea
contre un sac de pomme de terres
Qu’il finit par
trouver lourd et jeta, furieux,
Dans une rivière
en jurant contre Dieu.
A sa femme il
conta, chez lui, toute l’affaire,
Qui lui dit :
« Tu as bien fait ! tu pouvais tomber
Et ce sac
pouvait comme un bossu te courber.
Tu reviens sain
et sauf, j’en remercie la Vierge. »
Je vous
souhaite, jeunes hommes aux épaules larges,
Une aussi bonne
épouse ; et vous, pour vos deniers,
N’épousez pas,
jeunes filles, un pareil meunier !
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 26 juin 2016
Conte: U Bastelicacciu
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