CONTE: IL FAUT MOURIR (PARTIE III)
III. Le deuxième pays où Grantesta se crut immortel
Voilà donc de nouveau Grantesta le sage
Fuyant sinistrement son propre passage,
Cherchant le doux pays où rien ne meurt jamais.
Chaque jour l’effrayait, chaque nuit
l’alarmait
Et il tremblait même de la brise qui
passe,
Ame qui veut vivre toujours, de vivre
lasse.
Il arriva enfin, cœur curieux et amer,
Sur les bords d’un grand lac, vaste
comme la mer.
Ô rêve délicieux et doucement
étrange !
Ô rive fortunées faites pour des
anges !
Mille parfums montaient confusément dans
l’air,
Invisibles oiseaux amoureux du ciel
clair,
Les arbres qui portaient leurs fruits,
joyeux hères,
Etaient appesantis par leurs faix sans
misère,
Beaux fardeaux parfumés et qui rendaient
tout gai,
Pliant les dos des branches et des
troncs fatigués.
Grantesta, dans cette naturelle
clémence,
Trouva un chêne élevé, qui était si
immense
Que toute une ville à son ombre eût pu
dormir.
Tant de beautés faisaient notre héros
frémir,
Et il frémit encor d’entendre le grand
chêne
Haut comme les nuées et que rien
n’enchaîne
Lui dire : « Que viens-tu
faire ici, vil mortel ?
Ver de terre, veux-tu donc voler dans le
ciel ? »
« Dis-moi, chêne orgueilleux à
la voix redoutable !
Tout ce qui est ici est-il impérissable ? »
« Oui » « Je ne te crains
point, alors, car rien ne meurt,
Rien ne peut me ravir la vie, je n’ai
pas peur. »
Comme pour le châtier, dès qu’il dit ses
paroles,
Voilà tout le pays charmant qui s’envole
Emporté par une tempête sans merci.
Grantesta, frémissant de ce ciel noirci
Par de lourdes nuées, vit un oiseau
sombre
S’envoler promptement dans cette
soudaine ombre
Et prendre dans son bec, invisible
fardeau,
Sans qu’elle ne tombât, une seule goutte
d’eau.
Grantesta demanda à l’oiseau sinistre :
« Qui es-tu, ô oiseau ? »
« Le fidèle ministre,
Lui répondit l’oiseau, du trépas
éternel. »
Grantesta s’écria : « Ô chêne
criminel !
Tu m’as menti, alors, et même ici la vie
Me sera par la Mort cruelle un jour
ravie ! »
« Il ne t’a point menti, dit l’oiseau ;
de ces flots
Je prends une goutte tous les ans. Vois
donc l’eau
Qui reste ! Tu vivras des millions
d’années. »
« Oui, toujours est-il que mon âme
est condamnée !
Je veux rester vivant ! Je ne
veux pas mourir !
N’y a-t-il point un pays où rien ne peut
rien périr ? »
« Ce pays existe, mais je ne puis
te dire
Où il est. » « Cache-moi ton
vilain sourire,
S’emporta Grantesta, car je le
trouverai,
Je serai immortel et te le prouverai. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
dimanche 22 mai 2016
Conte: Il faut mourir (Partie III)
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