CONTE: POVERELLO (PARTIE II)
II. Ce qui arriva à Poverello, qui fut obligé de
travailler le jour de Noël
Poverello rentré, sa femme mécontente
Et qui s’impatientait de sa longue
attente,
Lui dit : « Quand tu étais
sorti, on est venu
T’appeler pour labourer un champ fort
mal tenu.
Je leur ai dit que ce sera chose faite ;
Ton travail nous aiderait à passer les
fêtes
De Noël, nous n’avons pas sous ce toit
un œuf. »
« Je veux bien travailler. Mais où
trouver un bœuf ?
Nul ne travaille en cette occasion solennelle
En plus ; ma besogne serait
criminelle,
Les laboureurs aussi bien que les
moutonniers,
Et j’en viendrai sûrement à être
excommunié.
Laisse-moi tranquille. Sous de meilleurs
auspices,
Je travaillerai à une heure plus
propice. »
« C’est vrai. Mais ton frère a
labouré tous ses champs,
Et il consentira, même s’il est méchant,
A te prêter deux bœufs pour que tu lui
rendes
Ses pains et sa farine au prix de son
offrande. »
Poverello partit, à la porte frappant
Une nouvelle fois. « C’est moi,
ouvre. Pan ! pan ! »
« Je t’ai pourtant bien dit de me
laisser tranquille !
Parle, que me veux-tu ? Je dois
aller en ville. »
Poverello lui dit, à son frère inhumain :
« Prête-moi deux de tes bœufs, et
après-demain
Je pourrai travailler avec et te rendre
Tes pains et ton boisseau sans te faire
attendre. »
« De revenir encore tu es bien
audacieux !
Je ne te prêterai jamais mes bœufs
précieux. »
« Mais, mon cher frère, ils ne te
sont plus utiles
Car tu as labouré tous tes champs
fertiles. »
« Ce sont mes affaires ; cesse
de t’en mêler.
Viens-tu chez moi afin donc de me
quereller ?
Si tu veux travailler demain, je te les
donne. »
« Demain ? Excuse-moi si je m’en
étonne,
Mais demain, c’est le jour de Noël. Je
ne peux... »
« Je le sais. Prends mes bœufs
demain si tu les veux. »
Poverello les prit et alla dès l’aurore
Labourer avant qu’il ne fût jour encore.
Les paysans furieux ainsi que le curé
Eurent beau gronder le laboureur déluré,
Il ne s’arrêta point, malgré leurs
remontrances,
Et il continuait avec assurance.
Mais lorsque tinta la cloche sonnant
midi,
La terre s’entrouvrit ; charrue et bœufs
maudits
Furent engloutis dans ses entrailles
livides.
Poverello faillit tomber dans le vide
Et fut sauvé par la branche d’un arbre
épais
Où il s’accrocha, sous lui, de funèbre
aspect,
Voyant le gouffre qui menait à la
géhenne
Et poussait de furieux rugissements de
haine.
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
lundi 5 octobre 2015
Conte: Poverello (Partie II)
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