dimanche 12 juillet 2015

Conte: Les trois pommes de Mariucella (Partie V)

CONTE: LES TROIS POMMES DE MARIUCELLA (PARTIE V)


V. Comment le coq déjoua la ruse de la mère de Dinticona, qui fut comme sa fille vertement punie

On entendit, quelque temps après, des roulements
Et des pas de chevaux qui trottaient royalement ;
Les ambassadeurs du prince amoureux venaient
Et la marâtre et sa fille s’en étonnaient.
Elles s’étonnèrent plus quand on décela
Qu’on venait, en effet, chercher Mariucella
Que le prince voulait prendre pour épouse.
A cette nouvelle, la marâtre jalouse
Cacha Mariucella dans un tonneau profond
En la laissant gémir dans son ténébreux fond
Et prenant soin, après cette sombre bassesse,
D’habiller sa fille comme une princesse.
« Pan ! pan ! » « Que voulez-vous ? » « Madame, nous venons
Chercher votre fille qu’au palais nous emmenons
Avec votre accord et celui de son père
Car le prince en faire son épouse espère. »
« Sire, on vous l’accorde. Mais souffrez seulement,
Dit la mégère qui souriait triomphalement,
Que je l’habille pour que devant notre maître
Ma fille chérie soit digne de paraître. »
Quand elle fut prête et qu’on vit Dinticona,
De sa grande laideur d’abord on s’étonna
Et les ambassadeurs secrètement s’écriaient,
La firent monter à cheval et souriaient
Entre eux, sans laisser Dinticona les voir,
En faisant cependant fervemment leur devoir.
On entendit soudain du haut de la demeure :
« Couquiacou, couquiacou ! Si je mens que je meure,
De cette méchante femme le bon rival.
Mariucella est au tonneau ; sur le cheval
C’est Dinticona, qui est sa fille hideuse. »
« Tais-toi, le coq ! » Cria la marâtre grondeuse.
Il reprit cependant : « Couquiacou ! couquiacou !
Si je mens, messires, rossez-moi de coups !
Mariucella est dans le tonneau, captive
De sa belle-mère qui la rend chétive !
Couquiacou ! couquiacou ! on vous a abusés ! »
Et les ambassadeurs, de l’entendre amusés,
D’abord, et qui riaient, s’intriguèrent ensuite
Et ils demandèrent, soupçonnant sa conduite,
A la marâtre : « Que nous a-t-il raconté,
Ce coq ? » « Des folies, dit-elle, cet effronté
Bavarde chaque jour comme une commère,
Et c’est même ainsi que nos voisins le nommèrent. »
Mais les ambassadeurs, qui étaient irrités,
Pensèrent que le coq disait la vérité ;
C’étaient des hommes aussi intègres que braves,
Ils coururent aussitôt à la vaste cave
Et défoncèrent les tonneaux. Crime hideux !
On trouva la beauté qui était dans l’un d’eux,
Belle, habillée d’une riche robe de soie
Mystérieuse et garnie de fils d’or. Pleins de joie,
Tous les ambassadeurs emplis d’admiration
Contemplaient la beauté avec vénération.
« C’est notre princesse, dirent-ils, sans doute. »
Et, furieux, avant de reprendre leur route,
Battirent la belle-mère qui gémissait
Comme Mariucella qui d’elle frémissait,
Le bâton à la main, cruelle mégère,
Qui s’emportait pour ses fautes les plus légères,
En jetant sa fille, bien inutile faix,
Afin qu’ils les punissent pour ce qu’elle avaient fait.
Arrivée à la cour, comme une lueur vive,
Sa beauté éclipsa celles des convives,
Mais Mariucella, que son amant épousa,
Etait si bonne que nulle ne jalousa
La douce princesse charmante et vertueuse.
Tous furent invités aux noces fastueuses
Qui durèrent, comme on le sait, trente-et-un jours,
Nos deux mariés eurent douze petits amours.

[FIN DU CONTE: LES TROIS POMMES DE MARIUCELLA]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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