samedi 11 juillet 2015

Conte: Les trois pommes de Mariucella (Partie IV)

CONTE: LES TROIS POMMES DE MARIUCELLA (PARTIE IV)


IV. Ce que le prince demanda à Mariucella, et ce que devinrent les trois pommes qu’elle trouva dans les tripes de la vache

La pauvre enfant chantait en route tristement
La tête baissée par la douleur chastement.
Le prince qui passait en revenant de chasse
Et vit cette fille si belle et si lasse
En entendant sa voix l’aima éperdument.
« Viens avec moi. » lui dit-il. « Non, venez dûment
Me demander, si vous me voulez, à mon père. »
« Nous nous reverrons fort vite, je l’espère.
Ton père parlera à mes ambassadeurs
Qui viendront te chercher, belle à la douce odeur ;
En attendant, adieu. » Et sur sa monture
Le prince remonta, content de l’aventure
Qui lui fit rencontrer ce visage charmant,
Et revint au château, se faisant le serment
D’épouser la belle à la vertu hautaine.
Mariucella, une fois à la fontaine,
Nettoya les tripes, et elle y put récolter
Trois pommes rouges sans nulle difficulté.
Elle en mangea une, de les trouver ravie.
Sa sœur Dinticona, qui l’avait bien suivie,
Vint lui demander : « Qu’es-tu en train de manger ? »
« De la bouse ; en veux-tu ? Ne viens plus déranger
Mon repas délicieux. » « Oui, j’en veux. Car tu songes
Que tu vas m’abuser avec ton mensonge. »
Mariucella en prit, exauça ses désirs
Et en remplit sa bouche pour lui faire plaisir.
Dinticona s’enfuit en pleurant avec zèle
Et revint, humiliée de la sorte, chez elle.
La marâtre, irritée par un tel traitement,
Battit Mariucella qui riait vertement.
La jeune fille fit ce que lui dit sa mère
Que de perdre elle était demeurée amère :
Elle jeta une pomme sur le toit,
Et il en sortit un grand et beau coq matois ;
L’autre pomme au jardin jetée devint arbre,
Un auguste pommier qui de fruits en grand nombre
Se couvrit aussitôt, pesants et délicieux,
Et qui semblait s’élever fièrement jusqu’aux cieux.
Mais ce qui rendait la chose plus singulière
Etait que cet arbre en ronce irrégulière
Se changeait dès qu’on s’en approchait pour le voir
Et que Mariucella seule avait le pouvoir
De cueillir une de ses pesants pommes,
Ce qu’il interdisait cependant aux hommes.  

[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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