jeudi 9 juillet 2015

Conte: Les trois pommes de Mariucella (Partie II)

CONTE: LES TROIS POMMES DE MARIUCELLA (PARTIE Ii)


II. Par qui Mariucella fut aidée deux fois à faire sa corvée, et la colère de sa marâtre

Mariucella, sans rien dire, alla besogner
Car à quoi bon gémir ou bien se renfrogner ?
Elle ne pouvait tout filer ; avec courage
La fillette se mit cependant à l’ouvrage.
Mais midi arriva et il lui demeurait
Fort à filer, et la malheureuse en pleurait
En songeant qu’elle allait être bientôt punie
Par sa belle-mère de pitié démunie.
Une vache entendit ses pleurs, l’avoisinant,
Et elle s’approcha d’elle en ruminant
Et lui dit : « Ne pleure pas, ne sois point amère,
Mariucella, tu es ma fille et je suis ta mère ;
Je suis une bonne fée, grâce à mes pouvoirs
Je vais t’aider à faire ton pénible devoir.
Mais que tu es sale ! J’étais incertaine
Que tu es ma fille. Viens à la fontaine
Que je te lave, mon cœur, comme je le veux. » 
Elle peigna avec grand soin ses blonds cheveux
Et lui lava les mains ainsi que le visage
Et elle était belle comme un beau présage,
Puis fila tout le poil avec rapidité.
Elle dit, après qu’elle eut un peu médité :
« Mariucella, ne dis rien de cette aventure,
Ou ta belle-mère, sombre créature
Et qui ne connait point l’amour et le remords
Te punira, et tu causeras aussi ma mort. »
« Je vous promets, mère, de demeurer muette. »
Dit à sa mère qui l’embrassa la fillette.
Lorsque Mariucella revint à la maison,
Elle s’étonna, sa marâtre, avec raison,
Quand elle vit le poil filé et la vit belle.
Elle lui donna donc, pour se venger d’elle,
Le lendemain, deux fois plus de poil à filer.
« Bien ! pensa la marâtre, elle va jubiler
Maintenant, et d’être bien belle et bien lavée ! 
Par cette arrogante je ne serai bravée. »
Lorsque Mariucella, le soir, fut de retour,
Sa marâtre, comme l’hirondelle un vautour,
L’attendait, le bâton à la main. Mais furieuse,
Elle vit le travail fait, chose curieuse,
Et elle s’étonna plus que le jour d’avant.
« Voilà un travail qui est bien fait et savant,
Se dit-elle, mais tout cela est étrange !
Mariucella, cette fourbe qui me dérange,
Cache quelque chose que  je vais découvrir 
Et quand ce sera fait, elle va bien souffrir. » 

[A SUIVRE]

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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