samedi 30 novembre 2013

Jeunesse poétique



Jeunesse poétique

Ô, jours heureux de paix et de solitude !
Jadis, jeune poète, j’avais l’habitude
De chanter toutes les brises et toutes les beautés,
J’étais jeune, j’étais fou, plus empli de fierté
Qu’un printemps de verdures et qu’une mer d’ondes,
Ma poésie grondait comme la mer gronde,
Frêle captive de mes registres épais ;
Ô, jours éternels de solitude et de paix !
Je voulais être aimé, je voulais être illustre,
Tous les humbles mortels étaient pour moi des rustres
Car ils ne caressèrent point une lyre une seule fois
Ou comptèrent les syllabes d’un vers avec leurs doigts ;
Je rêvais d’édens doux et de doux sourires,
Pareil à ces damnés que les gouffres attirent,
Penché comme Narcisse sur l’onde des mes vers,
Je voyais des flammes et des abîmes ouverts
Creusés soudain par la cruelle Indifférence,
Pareil à ces aèdes toujours en errance,
Le monde n’était pour moi qu’un vague chemin
Où, pensifs et blêmes, les tragiques humains
Marchaient, la tête baissée, toujours en silence,
Tandis que, fiers et armés de leurs lances,
De noirs chevaliers les observaient sombrement !
Vaste comme la mer et comme le firmament,
Mon ambition était puissante et infinie,
Semblable à César qui voit ses troupes réunies,
Je contemplais mes vers, mes belliqueux soldats,
En me plaignant sans cesse de l’univers Judas
Eternel ennemi des divins poètes,
Et en rêvant doucement, à l’abri des tempêtes !


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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