samedi 21 septembre 2013

Introspection


Introspection

Ô, ma douce et sombre beauté ! Toi qui daignes
Poser ta tête sur mon cœur, plein de remords,
Ne sens-tu point une vague odeur de charogne ?
Au fond de ce tombeau quelque chose est mort ;

N’en doute point, beauté : tu embrasses un cadavre
Rongé par les griffes acérées du Destin,
Que ce vautour cruel chaque nuit ouvre
Avec son bec sanglant, et aussi chaque matin ;

Et ce n’est point le noble aigle de Prométhée
Qui ronge cette dépouille impure, mais ce vautour
Immense et immonde, dont la sœur redoutée
Qui l’observe avec un sourire, s’appelle Amour !

Avec sa fantaisie de bourreau, elle mine
Cette chair ensanglantée, et lentement s’en nourrit,
La contemple comme un peintre ce qu’il dessine
Et comme un poète ce qu’il avait écrit.

Jadis, c’était un beau jardin que parfument
Maintes fleurs rares, aux douces et radieuses couleurs,
Et aujourd’hui, c’est désert que déciment
Les farouches orages de l’éternelle douleur !

On y voit un soleil, comme le soleil polaire
Rayonner faiblement ; il y fait toujours froid,
Ô, nuit dont nul rayon bienfaisant n’éclaire
L’obscurité, et nul flambeau le fond étroit !

Interminables hivers du cœur ! sans neige, sans pluie,
Seul un vent rauque et frais siffle inlassablement
Sur ce cadavre infâme dont nulle main n’essuie
Les blessures profondes et rouges amoureusement ! 

Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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