Une révolution
Il était une fois
un dictateur sanguinaire.
Le peuple opprimé,
pensant sans doute bien faire,
Fit tomber le
sceptre des mains de son tyran.
Quand Dieu sourit,
il donne ; quand il châtie, il prend ;
Telle est l’immuable
loi de la destinée.
Toute l’humanité blême
est condamnée
A expier, ici-bas
et dans l’au-delà,
Ses fautes dont le
ciel, bien qu’il soit clément, est las,
Et souvent, au
lieu de pleurer, on voit sourire
Cette veuve
majestueuse armée de sa lyre
Qui voit périr,
chaque jour, l’un de ses enfants,
Proie frivole
rongée par le Destin triomphant.
Du Sort implacable
arrêt ironique,
Et de toute une
nation destinée cynique !
Le tyran s’en
alla, dans l’ombre et dans la nuit ;
Un despote, c’est lâche.
En laissant derrière lui
Dans le ciel
ténébreux une tache de sang immense,
Dieu vit ce
dictateur sans pitié, en démence,
Et sa femme, hydre
hideuse, fuir mystérieusement,
Tremblant du
peuple, peut-être du firmament
Dont ils
entendaient le grondement formidable.
Qu’est-il arrivé
au peuple misérable ?
Une grande joie d’abord,
qui se mêlait de peur.
Est-il vraiment
parti ? Ô, extase ! Ô, stupeur !
Va-t-il revenir ?
Non. Le sort semblait sourire.
Mais le tyran
laissa, derrière lui, ses sbires ;
Il fallait combattre.
Armés de leurs pieux
Face à ces
vampires, même les plus vieux
Et les plus frêles,
même les enfants et les femmes,
Du Maudit
bravèrent les suppôts infâmes,
Et on les voyait,
sur leurs armes ployés,
Quitter leurs
enfants et quitter leurs foyers
Dans leur fougue
pareils aux antiques Spartiates.
Dieu aime les
preux, le ciel bénit ceux qui combattent ;
Plus de victimes
et plus de bourreaux, enfin !
Mais on entendit
ce sinistre cri : « J’ai faim ! »
Ô, horreur ! Ô,
frisson sombre et effroyable !
Partout des
opprimés et partout des coupables,
Partout une mère
qui pleure ou une veuve qui gémit,
L’aurore est-elle
complice ? Le jour est-il ennemi ?
Tous se regardent
en secret et soupçonnent
L’oiseau qui
chante et le ciel qui rayonne ;
Au peuple
inquisiteur tout semblait suspect,
Et ces noms qu’on
disait avec crainte ou respect
Devinrent l’objet
de la risée générale.
Les rues du Sud et
les rues de la capitale
Devinrent les
symboles de la gloire, de l’honneur,
Les acolytes,
comme des proies, fuyaient les veneurs,
Et la colère de
Dieu, telle une main énorme,
Tombait lourdement
sur ces insectes difformes.
Et aujourd’hui ?
Hélas ! Les sombres affamés
Ont toujours faim.
Dans les sillons ils ont semé
Les dents de l’hydre
dont les griffes nous tourmentent.
Les veuves
pleurent devant les dépouilles fumantes
De leurs époux,
les mères devant celles de leurs fils.
Ces mêmes yeux où
brillait la lueur du défi
Sont emplis de
nuit, de chagrin et de colère,
Et tout ce monde
en deuil en gémissant erre
En rêvant de
printemps, d’aurores et de lueurs,
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
vendredi 8 février 2013
Une révolution
Publié par
Mohamed Yosri Ben Hemdène
à
17:27
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