mardi 2 octobre 2012

La colère de Gabriel


La colère de Gabriel


 L’archange Gabriel, devant le divin Trône
Dont chaque perle comme le soleil rayonne,
Avait les ailes ployées et était à genoux.
Ses yeux étaient baissés, mais un sombre courroux
Les emplissait de sa ténébreuse flamme.
Il dit à Dieu : « C’est vers vous que s’envolent les âmes,
Vous avez tout créé : le jour qui reluit,
L’aurore radieuse et la sombre nuit,
Les sept azurs bénis, les hommes, les chênes, les monts,
La terre et le ciel, les anges et les démons,
La géhenne qui gronde et l’éden qui murmure !
Tout vous appartient, et la rêveuse nature
Qui semble muette, vous dit des bénédictions ;
Vous avez châtié, jadis, maintes nations
Qui dorment appesanties par les armes, fières,
Eprises des combats et ennemies des prières !
Sur elles votre foudre tout-puissant est tombé
En sommant soudain leurs rois de se courber
Et en épargnant les justes et les prophètes ;
Vous leur avez dit : « Je vois ce que vous faites,
Vous avez méprisé mes divins messagers
Qui errent, dans leurs terres maudits et étrangers,
Vous avez exilé de leurs douces patries
Ces hommes pieux et qui de me prier vous prient ;
Puisque de mon Pardon vous vous êtes ri
Et puisque vos cœurs par les péchés sont aigris,
Tremblez, nations impies, de ma noire colère ! »
Ô, Seigneur ! Aujourd’hui, de vous déplaire
Ces hommes ne tremblent plus, et vous bravent sans peur !
Ils vous désobéissent et à leurs rois trompeurs
Qu’ils bénissent à genoux, soumis, obéissent !
Pour leur plaire, dans les champs de bataille ils périssent,
Et pour vous plaire ils ne baissent point leurs fronts hautains,
Heureux, ils les louent ; tristes, ils maudissent le destin,
Emplis d’un étrange et d’un ignoble zèle !
Sur leur monde laissez-moi ployer mes ailes
Et réduire en cendres leurs éphémères foyers !
Dans les flots du Déluge laissez-moi noyer
Une deuxième fois, leur univers sombre,
Ou souffrez que, pour le plonger dans les ombres,
Avec un seul souffle j’éteigne le soleil !
Voyez-les : ils errent, à leurs aïeux pareils,
Ils ne peuvent plus vous voir, car leurs yeux sont aveugles,
Ils vous oublient car leurs cœurs sont coupables ! »

Dieu, qui écoutait l’archange Gabriel,
Lui répondit : « Le jour viendra où le ciel
Et la terre ne seront que de la poussière ;
Attends et sois patient, j’entends une prière. »


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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