La bataille d’Armageddon
Sur le mont
Megiddo haut comme le ciel,
L’archange Lucifer
et l’archange Michel
Armés de leurs
épées, méditent et se regardent.
L’immensité
tremble, ténébreuse et hagarde,
Car voici venir
l’heure du combat final
Du jour contre la
nuit, du Bien contre le Mal,
Qui fait
tressaillir toutes les pâles créatures.
Michel est revêtu
de sa sombre armure
Et a sa lame qu’on
voit reluire de loin,
Lucifer
orgueilleux n’a que l’épée au poing.
Les deux rivaux
attendent que le clairon sonne
Le duel terrible,
et l’éternité frissonne
En les voyant tous
les deux se contempler là.
Lucifer, le
premier, parle et dit : « Je suis las
D’attendre
éternellement que Dieu enfin daigne
Souffler dans son
clairon pour que ses fils saignent ;
Ce combat est
l’une de ses divines dérisions !
A ses yeux nous
sommes poussières et illusions,
Il peut te tuer et
me faire disparaître
Mais il veut que
notre sang coule pour s’en repaître
Car il est cruel,
et sans doute il sourit
En nous regardant
tous les deux avec mépris !
Pourquoi avoir
créé le Mal s’il l’abhorre ?
A quoi sert la
nuit ? A quoi sert l’aurore ?
A quoi sert toute
l’immense création ?
Pourquoi créer les
hommes que bercent les passions
Et les châtier
ensuite pour leurs sombres fautes ?
Punit-on la cime
parce qu’elle est haute ?
Châtie-t-on un
aveugle parce qu’il ne voit pas ?
Pour plaire à ce
bourreau nous courons au trépas !
Ne combattons
point. Ne sommes-nous pas frères ? »
« Tu as
désobéi à notre saint père
Répond Michel. Et
tu dois êtes châtié.
Ne me tente point
car mon cœur est sans pitié.
Père t’a coupé les
ailes, je te couperai la tête
Pour que son
œuvre, encore inachevée, soit complète.
Pourquoi le
Bien ? Pourquoi le Mal ? Vaines questions !
Nous lutterons
parce que Dieu veut que nous luttions.
Tu trembles car tu
sens venir ton heure dernière,
Comme la tête de
Josias, ta tête altière
Quand tu seras
vaincu, dans ce mont tombera »
« Prends
garde, Michel, car tu peux perdre ton bras »
Dit Lucifer
railleur, le sourire aux lèvres.
Soudain, comme à
la tête monte la fièvre
Et de sa victime
pâle rougit le font,
On entend monter
le son du divin clairon
Et le combat
affreux dans l’ombre commence.
Ô, des
flamboyantes épées choc immense !
Courroux
inexorable, éternelle horreur !
Des deux épées on
voit jaillir des lueurs,
Le matin impatient
dans l’azur se lève
Réveillé par le
bruit terrible des glaives,
Les deux frères
luttent comme deux ennemis,
La géhenne hurle
et le paradis gémit,
Dans le ciel on
entend Dieu qui soupire.
Lucifer a aux
lèvres son ténébreux sourire
Et le vaillant
Michel a la flamme aux yeux ;
A son frère il
assène un coup si furieux
Et si puissant, qu’il
choit, blessé à la jambe.
Le regardant avec
ses yeux qui flambent,
Il lui dit : « Mon
frère, repose-toi un peu,
Tu périras debout,
tel est l’arrêt de Dieu »
De la balafre de
Lucifer, béante,
Deux gouttes de
sang, noires et comme les monts géantes,
Plus pesantes que
les flots de l’océan,
Fardeaux sombres
et énormes, sont tombées du néant
Dans le monde
éphémère où vivent les hommes,
L’une est devenue
Gomorrhe, l’autre Sodome.
Dans l’ombre
épouvantée le combat se poursuit,
Les fers reluisent
comme le soleil reluit
Et à la nuit
blessée font maintes cicatrices.
Michel gémit tout
à coup, atteint à la cuisse ;
Trois plumes de
ses ailes nous sont tombées dessus
Pour devenir
Moïse, Mahomet et Jésus.
Lucifer rugit
comme la houle et à son frère
Dit : « Tu
m’as épargné, je ne vais pas le faire,
Michel, tu
périras, debout ou endormi ! »
Et lui assène un
coup dont Dieu lui-même frémit,
Tellement farouche
que son épée est restée
Dans l’immense roc
qu’elle n’a pu occire plantée.
Cette vaste épée,
c’est la radieuse Excalibur
Que, quelques
siècles plus tard, a porté Arthur.
L’archange Michel,
fier, jette sa lourde épée
Et dit à son frère : « Nos
mains sont mieux trempées »
Et les voilà qui,
à mains nues et acharnés,
Combattent corps à
corps, pareils à deux damnés
Qui jamais ne s’arrêtent
et ne se reposent
Car telle est la
loi du Maître des choses,
Et qui, muets et
blêmes, luttent éternellement
En se jetant,
armes volées au firmament,
Des astres qui
jusqu’à aujourd’hui tournent
Sans jamais s’évanouir,
dans l’espace sans bornes.
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
|
La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2182.
vendredi 6 juillet 2012
La bataille d’Armageddon
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Mon avis sur cet article: