Souvenir de la Révolution
Aucun Tunisien
n'a oublié ces moments périlleux et épiques où le peuple se transforma en armée
protégeant nos quartiers des snipers de Ben Ali, quelques heures après la fuite du dictateur. Les fameux "Comités de
quartier", avec des massues et des pierres, bravèrent sans peur des hommes
armés et dangereux. Il fut un temps où tous les Tunisiens étaient unis pour
protéger la Patrie! Mais dès que Rached Ghannouchi, chef du parti islamiste
Ennahda, débarqua chez nous, on commença à parler d'impies, d'islamophobes et
de francs-maçons. Tout le monde devint l'ennemi de tout le monde. Triste
Tunisie "post-révolutionnaire"!
Quand Ben Ali,
ombre qui s’en va dans la nuit,
Des héros
courroucés fuit la colère,
Et dans un palais,
loin du soleil qui reluit,
Se cacha,
tremblant de la foudre populaire,
Tout le peuple étonné
et devenu guerrier,
Pour combattre
sans peur ses lâches mercenaires,
S’arma soudain de
pierres et brandit, altier,
Sa massue d’Hercule ;
le feu révolutionnaire
Emplit tous les
yeux et emplit tous les cœurs,
Ces flambeaux
vivants que l’Oppression allume,
De sa flamme vengeresse,
de sa farouche lueur
Qui aveugle ses
ennemis et les consume !
Nous transformâmes
nos quartiers silencieux
Quand la nuit
tomba, en bruyantes forteresses,
Eclairés par la
lune qui éclaire les cieux,
Soldats, jusqu’au
matin nous veillions sans paresse,
Guerriers antiques
autour du même feu réunis,
Nous montrions
avec fierté nos blanches armures
A la beauté qui
passe, nous voit et nous bénit
En nous souriant,
comme l’aurore pure !
Comme Hector, dans
l’ombre nous laissâmes maintes fois
Nos épouses seules
et nos mères inquiètes,
Et dans les rues
bercés doucement et sans émois
Par le bruit des
balles qui sifflent sur nos têtes,
Nous nous
préparions à la guerre, sœur de la Mort,
Invincible armée
de combattre jamais lasse,
Jeunes impétueux,
frêles enfants et braves vieillards
Qui montrent leurs
cannes aux voitures qui passent !
Soudain vint
Ghannouchi, ennemi de la Nation
Revenu de son doux
exil à la patrie.
La haine emplit
soudain les cœurs, sans compassion !
Et chacun dit à
son voisin : « Va-t’en, impie !
Sur ta tête
coupable la foudre tombera ! »
Même dans les
familles, la Division sombre,
En courrouçant les
poings et en crispant les bras,
Dans les foyers
joyeux répandit son ombre !
De toutes parts l’on
vit des orateurs convulsifs,
Le cœur plein de
ténèbres et l’œil plein de flamme,
Comme la voile
maudit le dangereux récif,
Maudire la liberté
et maudire la femme !
Et l’aurore
radieuse de la Révolution
S’en alla, légère
comme l’oiseau volage,
Dans le crépuscule
des obscures élections
Cherchant un havre
loin de notre rivage
Que le Fanatisme
aux ailes noires obscurcit,
Corbeau qui rugit
dans la sombre atmosphère,
Raillant l’hirondelle
blanche qui chante le récit
Oublié, de notre
victoire éphémère !
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2180.
mercredi 16 mai 2012
Souvenir de la Révolution
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