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mardi 3 novembre 2020

Les pestiférés

les pestiférés 

N’as-tu pas remarqué ceux qui, au nombre de plusieurs mille, sortirent de leur pays par crainte de la mort ? Dieu leur a dit : Mourez. Puis il les a rendus à la vie, car Dieu est plein de bonté pour les hommes ; mais la plupart ne le remercient point de ses bienfaits. (Coran, 2, 243)

À Judée la peste, ainsi qu’un feu ardent,
Ravageait toute la ville de Davardan.
Les habitants, craignant la mort et la défaite,
N’obéirent point à l’ordre de leur prophète
Qui leur commanda de combattre pour Dieu.
Les hommes, les femmes, les jeunes et les vieux,
Se dirent : « Si on reste ici, c’est pour qu’on meure ! »
Et abandonnèrent leurs morts et leurs demeures.
Ils allaient au hasard des cieux et des chemins.
Or le Seigneur, qui sait le destin des humains,
Leur commanda : « Mourez tous », et ils moururent.

Les années passèrent et les corps disparurent,
Il n’en resta que des crânes sous le ciel.
Un jour, passant par ce cimetière, Ézéchiel
Vit ces os dispersés et rongés par les bêtes.
Le Seigneur parla dans le cœur de son prophète :
« Veux-tu, Ézéchiel, les voir ressuscités ?
Si tel est ton souhait, tu seras écouté. »
Ézéchiel dit aux morts : « Le Seigneur vous l’ordonne,
Levez-vous de votre sommeil, il vous redonne
La vie, comme il vous a jadis donné la mort. »
Les os s’envolèrent, semblaient avoir des ailes,
Et devant Ézéchiel s’assemblèrent avec zèle,
Ils furent revêtus de chair puis d’habits.
Pareils à des enfants réveillés dans leurs lits,
Tous ouvraient de grands yeux, étonnés de revivre.
La mort semblait partout, cependant, les suivre,
Et ces milliers d’hommes et de femmes, toujours
En gardaient la pâleur, et jusqu’à leur retour
À la terre, avaient tous l’odeur des dépouilles
Que le ver de terre ténébreux ronge et souille,
Leurs rides ressemblaient à de larges sillons,
Et tous leurs vêtements devenaient des haillons.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

samedi 21 janvier 2017

La Peste et la Mort

La peste et la mort

Arnold Böcklin, La Peste (1898)

Armée de sa faux, la Mort cruelle
S’envole dans l’étroite ruelle
Sur son dragon comme elle hideux et noir
Et fait calmement son sombre devoir.

Dans la ville qui gémit, empestée,
Elle passe, rêveuse et détestée,
Maigre et habillée d’un haillon obscur,
Et jette comme des déchets impurs
Les âmes qu’elle massacre et fauche,
Les orbites vides, aveugle et gauche.
La Peste, sa sœur au cœur inhumain,
La salue et sourit dans les chemins
En couvrant d’un grand linceul fétide
Les cadavres qui les jonchent, putrides,
Pourris et tombés comme des fruits mûrs.
La Mort, en passant, écrit sur les murs 
Des malédictions et des outrages,
Sa faux reluit comme un vague mirage
Et sa bête hurle, de sa queue frappant
Les morts, montrant sa langue de serpent
Et sa gueule ténébreuse et profonde,
Pareille à la mer aux nombreuses ondes.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

mercredi 14 décembre 2016

La Peste d'Elliant

La peste d'elliant

Louis-Jean-Noël Duveau,  La Peste d'Elliant (1849)

Une pauvre mère que la douleur arrête
Se repose parfois, hagarde, pour pleurer
Ses fils nauséabonds et pourtant adorés,
Neuf fardeaux bien-aimés au fond de sa charrette.

La Peste a ravagé toute l’Armorique 
Et comme une tempête immense elle a ployé
Des femmes, des enfants et des vieillards noyés
Dans une mer profonde et cadavérique,

Ils ont été coupés comme de frêles roses
Qu’embrase lentement un grand soleil ardent,
Ils ont perdus leurs yeux, leurs cheveux et leurs dents,
Rongés par leur sombre mal et par les nécroses !

Le cimetière est plein et semble crier : « Grâce ! »,
Rempli de cadavres pestilents jusqu’aux murs,
L’église est puante, tout est sale et impur,
Et le canton est plein de vermine et de crasse !

La mère a les pieds nus ainsi que la gorge,
Couverte de haillons et le cœur plein de fiel,
Elle contemple avec fureur le morne ciel,
Et ses yeux sont rouges comme un feu de forge,

Le père, qui la suit, siffle, lui, et fredonne
Un air joyeux des champs, car il perd la raison ;
Il croit que ses enfants reviennent à la maison,
Promet de les punir, ensuite leur pardonne.


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène