dimanche 17 novembre 2019

Corps et cercueils

Corps et cercueils 

J’ai vu maintes fois les corps sans âmes
D’êtres que j’aimais et qui m’étaient chers,
Flambeaux dont la mort a éteint la flamme
Comme un orage tourmentant la mer.

Ils avaient tous le visage livide,
Bleu et ténébreux et presque étoilé,
Et semblaient, en s’en retournant au vide,
D’un insondable mystère voilés,

Appesantis d’un linceul énorme
Qui portait lui-même un parfum pesant,
Ils quittaient le monde de la forme
Pour être mangés par les vers luisants

Et devenir souvenir, pensée, idée,
Dans mon esprit comme eux immatériel,
Et dans mon imagination ridée
Un peu de printemps et un peu de ciel.

Le temps détruit les choses les plus pures,
Hélas ! jetant, comme des déchets vils,
Tous les noms que la nuit on murmure
Dans des gouffres infinis et subtils,

Il ne reste que ce moment terrible
Où l’on a entendu  le sombre bruit
De la terre qui tombe, impassible,
Sur nos morts, comme tombe un vieux fruit.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: