dimanche 21 juillet 2019

Le Livre de la mer

Le livre de la mer

I

J’aime le mouvement sombre
De ces flots à l’amer parfum
Qui semblent feuilleter dans l’ombre
Les pages d’un livre sans fin,

Le lointain et doux murmure,
Poème empli de passion,
De la mer, cette blessure
De la vaste création,

Toutes ces ondes pesantes,
Épouses du grand firmament,
Et ces algues reluisantes
Où la mer cache ses diamants !

Est-ce avec cette tache d’encre
Que le monde a été écrit ?
Le marin y jette son ancre
Et le poète son esprit ;

La nuit couvre de son voile
Les sirènes et les trésors,
Et fait reluire les étoiles,
Comme Rome appesantie d’or,

Elle cache maintes choses
Qui en peuplent les profondeurs,
Et la mer, comme une rose,
Se ferme sous le ciel songeur.

II

J’ai longtemps rêvé de suivre
De ces ondes l’obscure chemin,
De m’en aller et de vivre
Loin de la terre et des humains,

D’être le grave capitaine
D’un fantomatique vaisseau
Qui erre dans la mer hautaine
Avec ses voiles en lambeaux,

Et qui va d’un pas rapide
Dans l’éternelle et vaste nuit,
Loin des étoiles limpides
Et du phare qui reluit,

À son salut ou à sa perte
Courant dans les immensités,
Et devant une île déserte
À l’abri de l’humanité,

Jetant son ancre luisante
Qu’appesantissent les soucis
Comme un fardeau qui épouvante
Et que la vie rouille et noircit ;

La nuit qui endort le monde
Dans le vaste lit des soupirs
M’emportera, et les ondes
Vont chanter pour moi et gémir.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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