samedi 18 mai 2019

Les mannequins

les mannequins

Les Vénus modernes ! Contemple-les, mon cœur,
Ces mannequins, femmes en bois, maigres à faire peur,
Qui ont perdu du poids ainsi que le sourire
Et ressemblent toutes à des statues de cire !
Pour nous faire rêver elles passent en rêvant
Comme passerait autour de vous un peu de vent,
Elles sont si minces qu’elles vont disparaître,
Ces ombres vivantes et silhouettes d’êtres
Ephémères ainsi qu’une éphémère odeur !
Est-ce là la beauté ? Elle avait ses rondeurs,
Vénus, et n’était pas chétive et malade
En mangeant tous les jours deux feuilles de salade !
En mangeant l’ambroisie et buvant le nectar,
Elle en avait du ventre et le feu au regard !

Marchez donc fièrement, prestement, sans paresse,
Vous ne serez jamais pareilles aux déesses,
Vous êtes des spectres aux femmes ressemblant,
Vous portez vos robes comme des linceuls blancs !
Quel triste siècle que le nôtre, où on affame
Les esprits des hommes et les corps des femmes,
Où la beauté devient maladie et maigreur,
Invisible partout et emplie de fureur,
Se comptant désormais en vils kilogrammes,
Sans le poids du sourire et le poids de l’âme !


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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