lundi 8 avril 2019

Aux ruelles

aux ruelles

J’aime à me promener dans ces sales ruelles
Où la vie devient plus sombre et plus cruelle,
Où l’on trouve, pareils à nos rêves blasés,
Les chats par les grandes voitures écrasés,
Et où dans l’ombre on boit et un jour on crève !
Avant de commencer la vie s’y achève,
L’enfant qui y est né tète le maigre sein
De la pâle Misère, et dans sa blanche main
Tient déjà le couteau sanglant et invisible
Avec lequel il va égorger, impassible,
Toute la société se moquant de sa faim !
Le crime, dans ces rues, est comme un jour sans fin
Qui reluit derrière toutes les fenêtres ;
Avec les affamés on fabrique les traîtres,
Avec les condamnés on fait les criminels !

Ô fruits avariés, pourrissements éternels !
Vous tombez lentement de l’arbre de la Vie,
Restez sur les trottoirs, là où tout vous oublie,
Là où ce qui passe vient vous fouler aux pieds
Et vous rouler loin de son regard comme il sied,
Et on vous refuse même les poubelles
Et le bec de l’oiseau errant au-dessus d’elles !



Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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