mardi 8 mai 2018

Conte: Le forgeron Misère (Partie V)

CONTE: LE FORGERON MISÈRE (PARTIE V) 




V. Le diable pris au piège

Dix années de repos passées et d’opulence,
Le diable revint un matin, sans indolence,
Et en passant le seuil du logis dit : « Eh bien,
J’ai honoré la part du serment qui est mien,
Es-tu prêt, mon garçon, à honorer la tienne ? »
« Oh ! diable, pourquoi faut-il que tu reviennes ?
Que tu me déranges, mon bonhomme rusé !
Dix ans déjà ! Mais je me suis bien amusé
Et je ne comptais plus les nuits et les aurores.
Voudrais-tu m’accorder dix années encore ? »
« Non ! jamais ! répondit le diable, maintenant
Il faut partir avec moi, et en chicanant
Tu ne sauveras pas ta vie ou ton âme. »
« Eh bien ! Laisse-moi dire adieu à ma femme
Et mes enfants d’abord, et je viens avec toi.
Je n’irai nulle part, je reste sous ce toit,
Assieds-toi un instant pendant que je m’apprête
Sur cet escabeau-là ; je paierai ma dette. »
Le diable alla s’asseoir sur le vieil escabeau.
Une heure s’écoula. Quand il revint : « Mon beau,
Il faut partir, maintenant », dit le diable à Misère.
« Avec plaisir, lève-toi donc, mon compère. »
Et le diable voulut se lever, mais en vain.
Il ne pouvait bouger. « Mille foudres divins !
Peste ! s’écriait-il, m’as-tu jeté un charme ?
Libère-moi manant ! » Et avec vacarme
Le diable, la bave à la bouche, se démenait,
Maudissait, blasphémait, vociférait, tonnait,
Mais en vain : il avait été pris au piège
Et était maintenant prisonnier d’un siège.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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