mercredi 18 avril 2018

Conte: Le Navire marchant sur terre (Partie V)

CONTE: LE NAVIRE MARCHANT SUR TERRE (PARTIE V) 




V. Qui était en vérité le vieux mendiant, et ce qu’il demanda au jeune homme de faire

« Jeune homme, commande, dit le patriarche,
Ce Navire enchanté sera la deuxième arche
Et il t’obéira au doigt et à l’œil
Ainsi qu’un serviteur zélé et sans orgueil. »
Le jeune homme essaye : « Recule, navire ! »
Il recule. « Navire, avance ! » Un sourire
Aux lèvres, le navire avance. « Maintenant
Tourne ! » Et le navire tourne. Alors s’étonnant
De tous ces prodiges, le jeune demande
Au vieil homme : « Qui es-tu ? » « C’est moi qui commande
Tout ici-bas : la nuit et le soleil radieux.
Je suis, jeune homme au cœur généreux, le bon Dieu.
Ce navire est à toi et je te le donne. »
Le jeune homme se dit : « J’ai donc fait l’aumône
Au bon Dieu ! » et il se prosterne devant lui.
Dans son navire qui comme le soleil luit
Il monte, et le bon Dieu lui demande d’attendre
Et lui dit, tout au long de son chemin, de prendre
Ceux qu’il rencontrera. Le navire, en rêvant,
Part, aussi rapide que l’éclair et le vent,
Et marche sur terre comme dans un songe.
Le jeune homme aperçoit un homme qui ronge
Un cep de vigne, et qui semble affamé et las.
« Navire, arrête ! » « Mon ami, que fais-tu là ? »
« Je suis pauvre, et le vin est bien cher cette année ! 
Je ronge alors ce cep comme une âme damnée
Car il me rappelle le goût perdu du vin. »
« Viens avec moi, l’ami, ce ne sera point vain. »
Ils voient, cent lieues plus loin, un homme misérable
Qui ronge un os tout blanc, de vache, comme un diable.
« Que fais-tu, mon ami ? » « Hélas ! faute de mieux
Je ronge cet os, la viande est un bien précieux
Cette année, trop précieux. Cela me rappelle
Le goût de la viande, qui est tendre et belle. »
« Monte avec moi, l’ami ». Et les trois voyageurs
Continuent à errer, bien contents et songeurs.

[A SUIVRE]


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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