mardi 11 avril 2017

Conte: Le Cheval enchanté (Partie III)

CONTE: LE CHEVAL ENCHANTÉ (PARTIE IIi)



III. Comment la haridelle récompensa Ibrahim de son action charitable

Le maquignon conduit, par les chaînes ligués,
L’esclave et le cheval, tous les deux fatigués,
Dans une écurie bien étroite et bien sombre,
Ferme la porte à clef et les laisse dans l’ombre.
Le voilà qui revient, tenant dans une main
Pour l’esclave affamé un vieux morceau de pain,
Et pour la haridelle une poignée d’orge.
Il faisait aussi chaud que dans une forge
Dans la noire écurie ; gémissant du destin,
Ibrahim, qui était à jeun dès le matin,
Mangea un peu de pain, puis tournant la tête,
Il en donna aussi à la pauvre bête
Qui le remercia par un hennissement disert
Car l’orge était aussi sèche qu’un grand désert.
Il s’endormit enfin dans cette humide bauge.
A son réveil que voit-il, surpris, dans l’auge ?
De belles pièces d’or, radieux petits soleils.
Venu le réveiller de son âpre sommeil,
Il entend son maître qui soudain arrive,
Et cache son trésor pour que nul ne l’en prive.
« Va louer ce cheval dont je suis bien fâché,
Car il ne sert à rien, aux chalands du marché. » 
Ibrahim y alla, mais passa sa journée
A flâner, tout content, et faire sa tournée.
N’ayant point son argent, il ne put rien acheter,
Affamé, à son grand dam, par la pauvreté.
Voyant qu’il n’avait rien gagné, en colère,
Son maître lui cria : « Tu sais bien me déplaire,
Toi ainsi que ce vieux squelette sans valeur !
Pourquoi vous ai-je acheté donc ? Pour mon seul malheur !
Si tu ne gagnes rien demain, j’irai vous vendre
Tous deux au plus offrant. Je ne vais point attendre
Qu’il se mette à pleuvoir de l’or dans ma maison !
Disparais, au lieu de sourire sans raison. » 


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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