lundi 10 avril 2017

Conte: Le Cheval enchanté (Partie II)

CONTE: LE CHEVAL ENCHANTÉ (PARTIE II)


II. Le sort qui fut réservé à Ibrahim, s’acquittant mal d’une mission

Le maître d’Ibrahim un matin lui donna
Une bourse emplie d’or dont le poids l’étonna,
Et lui dit d’aller voir un marchand sans attendre
Qui avait son plus bel étalon à lui vendre.
Ibrahim s’en alla, dans les rues musardant,
A accomplir cette besogne peu ardent.
Sur la place indiquée où il fut, fidèle,
Il aperçut un vieux turc sur sa haridelle
Et il lui demanda en tournant les talons :
« A mon maître avez-vous vendu un étalon ? »
« Oui, répondit alors le rusé bonhomme,
As-tu mon argent ? De quel nom on te nomme ?
Ton maître est mon ami ; c’est toujours un plaisir
Que de lui acheter et lui vendre à loisir. »
« Je l’ai, et mon nom est Ibrahim. » « Alors donne.
La réputation de ton maître étant bonne,
Je ne vais point compter l’argent. Tu peux partir. »
Content de voir la chose aussi vite aboutir,
Ibrahim s’en alla avec sa vieille rosse
Plus lente encore que lui et à voir atroce.
De retour au logis : « Je n’ai point attendu !
S’exclama son maître. Alors, t’a-t-on vendu
Mon étalon ? » « Oui maître. » « Où est-il ? » « Ici-même. »
En voyant devant lui le pauvre animal blême
Pareil aux condamnés qu’on ne veut point nourrir,
Chétif et qui semblait sur le point de mourir,
Squelette décharné qui respire à peine,
Le maître s’écria : « Vil coquin plein de haine !
J’ai été bon pour toi, à tort, on me l’a dit !
Tu vas être puni, allons voir le Cadi. »
Ce dernier ne daigna point du tout entendre
Le pauvre malheureux qui voulait se défendre,
Et pour que son argent au maître fût rendu,
Il décida que son valet serait vendu
Comme esclave, au marché. On le chargea de chaînes
Et de haillons il fut vêtu. Chose inhumaine !
Jusqu’au soir le maître attendit un acheteur
Qui tardait à venir. Marchant avec lenteur,
Un sale maquignon s’approche et examine
Ibrahim fatigué et que la faim mine
Ainsi que le cheval expirant. Il sourit
Et pour les deux propose au maître un vil prix.
Ce dernier accepte, fatigué de l’attente,
Et conte l’affaire à sa femme mécontente.


Par : Mohamed Yosri Ben Hemdène

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