dimanche 22 novembre 2015

Conte: Comment André coupa le nez du curé (Partie I)

CONTE: comment andré coupa le nez du curé (PARTIE I)

I. Ce qui arriva au frère d’André quand il alla faire fortune

Jadis vivaient, par le destin cruel punis,
Trois frères, qui étaient trois hères démunis.
L’aîné dit un jour : « Je veux faire fortune,
La misère depuis longtemps nous importune
Et elle me lasse, frères, comme un fardeau
Qui a appesanti et mes pieds et mon dos. »
Et le voilà qui fait ce qu’il dit et, preste,
S’en va en route sans trembler du sort funeste
Et qui rencontre sur son chemin un curé,
Un méchant bonhomme cruel et déluré.
Il lui demande quel est le but de sa marche :
« Sire, voilà trois jours entiers que je cherche
Quelqu’un qui veuille de moi comme serviteur. »
« Viendras-tu avec moi ? » « Oui, par le Créateur !
Mais il me faut cent francs par mois, car je souhaite
Faire fortune après comme vous la faites. »
« Entendu. Et je t’offre à dormir et souper
A une condition : que je peux te couper
Si tu n’obéis point à mes moindres ordres
Le nez. » Le jeune homme s’écria alors : « Gladre !
Vous plaisantez sûrement, mais je vais accepter. »
Et le curé souriait, sombre, avec volupté.
Au déjeuner il dit à son serviteur : « Mange
Ce son de mes cochons. » « Vous êtes bien étrange !
Lui répondit le jeune homme, ou vous voyez mal
Que je suis un homme et ne suis point animal. »
« Tu n’en mangeras pas ? » « Non ! » « Et notre pacte ?
Viens que je te coupe le nez. » Fier de son acte,
Cet horrible curé le fit, et exilé
Le pauvre jeune homme retourna mutilé
Chez lui, et raconta l’aventure à ses frères.
Le second dit : « Par Dieu ! De ce téméraire
Je vais me venger, moi, s’il ose me croiser !
Et s’il se croit rusé je vais l’apprivoiser. »
Et s’en alla à son tour, méditant vengeance
Et courant le péril avec diligence.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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