jeudi 1 octobre 2015

Conte: L'âne aux sequins d'or (Partie VIII)

CONTE: L'ÂNE AUX SEQUINS D'OR (PARTIE VIIi)


VIII. Ce qui arriva à la mère de Farinello, et comment ce dernier retrouva ses deux frères

Tout le pays bientôt sut l’affaire ; on riait
Et de la raconter maintes fois on priait
Le mauvais compère qui battit sa commère
Et que les villageois Crottin-d’Âne nommèrent.
Mais pendant qu’on riait, du récit amusés,
Il y avait là, une fois, un voleur rusé :
« Si l’âne fait une si merveilleuse chose,
Se dit-il, il faut bien aussi qu’il se repose,
Car il s’épuiserait à faire chaque jour
De pesants sequins d’or. Comme un roi en sa cour
Ce Farinello vit, devenu soudain prospère,
Connaître son secret et m’enrichir j’espère. »
Le malin résolut donc de lui usurper
L’âne enchanté aux beaux écus et s’échapper,
Et il s’introduisit chez sa vieille mère
Qui sans ses fils et son compère était amère ;
Coquin qui ne tremble point de faire le mal,
Il la tua et prit le précieux animal,
Et avant de partir – que le diable l’emporte ! –
Il écrivit ces mots trompeurs sur la porte :
« Ne frappez pas, je suis en voyage » et partit.
Mais bien qu’il se pensât malin et averti,
Le brigand fut trompé dans sa cupide attente.
Rien ne sortit de son âne hormis de la fiente,
Et il se lamentait, étonné et furieux :
« La bête est comme les autres ; c’est bien curieux !
Pourquoi garder alors cette chose futile ? »
Et il précipita, le croyant inutile,
Dans un gouffre profond l’âne, découragé.

Farinello, après avoir bien voyagé,
Vit venir son oiseau bleu, resté fidèle,
Preste comme au printemps la blanche hirondelle.
« Farinello, lui dit-il, voyant ses émois,
Pour que tu retrouves tes frères suis-moi. »
L’oiseau bleu le mena à la même caverne
Dont les maudits voleurs firent leur caserne,
Et qui étaient absents, s’en allant brigander.
Messires, c’est chose bien dure à demander
Et que tenter serait sans doute téméraire,
Que de vous décrire la joie des trois frères
Qui furent par le sort cruellement punis
Et après tout ce temps furent enfin réunis.
« Partons, dit le cadet, allons-nous-en vite !
A venir dans mon grand palais je vous invite,
Laissez les trésors ici et fuyons loin,
Nous sommes riches et nous n’en avons point besoin. »
Les deux frères d’abord de ses propos doutèrent,
Hésitèrent un peu, puis partirent et l’écoutèrent.
Ils frappèrent à la porte et personne ne vint.
Il frappèrent encore : « Pan ! pan ! pan ! », mais en vain.
« Votre mère est partie, leur dit la voisine,
En voyage et n’est point ici. » A la cuisine,
Quand ils enfoncèrent la porte, sort affreux !
Ils virent leur pauvre mère, les malheureux !
Par les vers à demi rongée, nauséabonde.
La tristesse des trois frères fut profonde,
Ils firent de belles funérailles au manoir
Qu’en signe de leur deuil ils tendirent en noir.
Ils se vengèrent de l’auteur du crime infâme
Et bientôt se marièrent avec de belles femmes
Dont ils eurent des fils bien charmants et nombreux
Et jusqu’à la fin de leurs jours vécurent heureux.

[FIN DU CONTE: L’ÂNE AUX SEQUINS D'OR]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Mon avis sur cet article: