Conte: Poverello (Partie I)

CONTE: poverello (PARTIE i) I. Pourquoi Poverello alla frapper à la porte de son riche frère Il y a longtemps, mes bons sires, vivaient deux frères ; Fortune avait pour eux des desseins contraires, Car bien qu’ils fussent par le même sang unis, L’un d’eux était fort riche et l’autre démuni. Ce dernier s’appelait Poverello, sombre, Appesanti par ses enfants en grand nombre Et par sa femme, et ne pouvant tous les nourrir. Un jour sa femme lui dit : « Nous allons mourir ! Ah, mon pauvre mari ! Plus rien ne nous reste, Et nos provisions à s’envoler sont prestes. Je ne crains pas la mort, mais nos enfants chéris Auront eux aussi quand nous périrons péri. Seigneur, que je suis triste et que je suis lasse ! » « Eh bien ! dis-moi alors, que veux-tu que je fasse ? » « Va chez ton frère, tu ne voudras pas en vain Avoir de la farine ainsi qu’un peu de pain. » « Parbleu, femme, j’y vais et tu as bien raison. » Poverello alla à la vaste maison De son riche frère, et frappa à la porte. « Pan ! pan ! pan ! » « Qui est là ? » « Poverello. Certes, Je ne veux pas, mon cher frère, te déranger, Mais mes enfants ont faim et n’ont rien à manger. Nul odeur de repas ne berce leurs narines ! Je ne veux qu’un seul pain et un peu de farine Que je te rendrai quand je pourrai travailler. » « Donc jamais ! Et tu dis cela pour me railler !  Je t’ai prêté huit pains que tu devais me rendre, Mais comme je suis bon et que mon cœur est tendre, Je t’en donnerai un autre. » « Frère, merci De ne pas être à mon malheur endurci ! S’écria le pauvret. Excuse mon audace, Mais puisque dans ton cœur il me reste une place Donne-moi un boisseau, qui te sera rendu, De farine d’orge, ou que je sois pendu ! Merci, mon bon frère, et sois béni encore, Que tes jours soient heureux et emplis d’aurore... » « Assez, assez, cesse donc de m’importuner, Tiens et ne reviens plus », dit le frère fortuné. [A SUIVRE] Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène