mercredi 30 septembre 2015

Conte: L'âne aux sequins d'or (Partie VII)

CONTE: L'ÂNE AUX SEQUINS D'OR (PARTIE VIi)


VII. Ce que fit Farinello quand il revint à son village, et ce que son compère fit à sa mère

Avec l’âne aux écus, le héros retournait
Au village où sa mère encore séjournait.
Elle l’attendait. « Ah ! s’écria-t-il, ma mère !
Soyez contente, vous ne serez plus amère !
Nous aurons désormais un immense palais,
Une voiture, des servantes et des valets. »
« Pauvre Farinello ! Je crois que tu t’abuses,
Répondit la mère, ou de moi tu t’amuses.
Tu portes des haillons et tu es amaigri !
Contre ta vieille mère es-tu, mon fils, aigri ?
Mon cœur de te laisser partir toi et tes frères
Etait attristé par ma bouche téméraire. »
« Ma mère, votre cœur sera bientôt ravi,
Repartit le fils, et vous changerez d’avis. »
Et il retira le bouchon, et dans l’ombre
La mère vit tomber des pièces en grand nombre.
« Chut, chut, malheureux ! Cet or fait beaucoup de bruit,
Dit la mère, et tout le monde en sera instruit !
Vite, mon fils, fermons la porte et les fenêtres,
Car nul ne doit savoir que tu es le maître
De cet âne enchanté, ou un maudit voleur
De notre joie fera un éternel malheur. »

Farinello, un an après, fit construire
Un beau palais que de loin on voyait luire,
Et tous étaient jaloux de son bonheur soudain
Et de voir son palais s’élever avec dédain.
Mais son cœur était plein d’une sombre amertume.
« Mère, dit-il un jour, l’ennui me consume
Et j’ignore le sort de mes frères chéris
Et s’ils vivent toujours ou s’ils avaient péri.
Mais ils n’ont point trouvé fortune sans doute,
Je dois pour les chercher me remettre en route
Et les faire vivre avec nous, riches et bienheureux. »
« Pars à leur recherche ; va, mon fils généreux,
Puissent tes jours être éternellement prospères. »
La vieille femme avait toutefois un compère ;
Farinello parti, il vint à la maison.
« Commère, expliquez-moi la raison
De votre richesse qui éblouit le village, 
Demanda-t-il à la mère blanchie par l’âge,
Je dois vous avouer que nul n’y comprend rien. »
« Sachez, compère, que je vous le dirais bien,
Mais j’ai promis à mon fils de ne point le faire. »
« Dites-moi ce secret, je saurai le taire,
Et je serai aussi muet que le tombeau. »
« Je vous crois, mon ami. Il est étrange et beau :
Pour vous satisfaire, sachez que notre manne
Vient, pour ne rien vous cacher, d’un âne
Qui au lieu de faire du crottin fait de l’or. »
« Dieu ! si ce n’était pas vous, je dirais alors
Que ce que vous contez est un clair mensonge. »
« C’est la vérité et ce n’est point un songe ;
Venez, la nuit, le voir de vos propres yeux. »
Lorsque la nuit tomba, le compère joyeux
Vint voir. Mais l’âne, au lieu des pièces luisantes,
Lui fit des crottins au nez. « Ah ! médisante,
Tu t’es moquée de moi et je vais te châtier ! »
S’écria-t-il avec colère, et sans pitié
Bâtonna sur-le-champ sa vieille commère
En croyant qu’elle lui conta des chimères.

[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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