jeudi 15 octobre 2015

Conte: Poverello (Partie IV)

CONTE: POVERELLO (PARTIE IV)


IV. La mésaventure de Poverello avec l’hôtelier et sa femme

Poverello, las de l’ombre et de la lumière,
Voyagea tout le jour et la nuit entière
Et arriva enfin à un petit hôtel.
« Par la Vierge et le Christ mort pour tous les mortels,
Dit-il à l’hôtelier, permettez que je reste !
Je me reposerai et à partir serai preste. »
« Avez-vous de l’argent ? » « Non, mais je pars demain. »
« Cherchez fortune ailleurs, passez votre chemin,
Je n’ai rien à offrir aux gueux de votre espèce.
Si vous voulez rester, montrez-moi vos pièces. »
Sa femme était enceinte et dit à son mari :
« Laisse-le entrer, nous n’en serons pas marris. »
Poverello alla donc s’asseoir par terre
Et se mit à manger son repas austère ;
La bonne femme le regardait et voulait
Une pisticcina dont la couleur lui plait,
Mais n’osa demander, et chose bien affreuse,
Avorta à cause d’un pain, la malheureuse !
Son mari courroucé dit à Poverello :
« Tu vas me le payer et en souffrir, soûlaud !
Tu seras condamné à mort, vaurien, infâme,
Pour avoir fait perdre un enfant à ma femme !
C’est ainsi que tu me récompenses, faquin,
Toi, le vil portefaix errant sans casaquin !
Je t’attends à Bastia, avorteur de mères ! »
Poverello lui fit des prières amères,
Mais malgré sa douleur il ne put l’attendrir :
« Sors maintenant de chez moi, cesse de discourir !
S’écria l’hôtelier qui rossa son hôte,
Ma femme a avorté et c’est de ta faute ! »
Et il continua sa route, bien lassé,
Et par le méchant homme injustement chassé.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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