mercredi 14 octobre 2015

Conte: Poverello (Partie III)

CONTE: POVERELLO (PARTIE IIi)


Vocabulaire: Pisticcine (singulier: pisticcina): Morceau de pâte faite avec de la farine de châtaignes et frite dans de l'huile ou cuite au four.

III. Ce que le méchant frère de Poverello jura de lui faire

Poverello, après l’incident, apeuré,
Alla voir son frère et était désespéré :
« Ah ! mon pauvre frère, tu ne vas pas me croire,
Lui dit-il, mais une vaste géhenne noire
S’est ouverte à mes pieds, et elle a englouti
Le bœuf et la charrue, leur travail abouti. »
« Mes bœufs sont engloutis ? Qu’est-ce que tu me contes ? »
« C’est ce qui s’est passé. » « Tu devrais avoir honte,
S’écria le frère, noir pendard de voleur !
Je t’ai aidé et je t’ai tiré du malheur,
Et c’est ainsi, ingrat, que tu me récompenses !
Sache que je ne suis pas le sot que tu penses,
Tu ne m’abuseras pas avec tes récits !
Et qu’à me venger de toi je suis bien décis. »
Le bon Poverello s’écria : « Mon frère !
Pour brigander il faut que je sois téméraire,
Mais je ne suis qu’un pauvre homme de vivre las
Dont la femme et les fils pleurent de faim, hélas !
Par le petit Jésus qui vient de naître
Je te jure que je ne suis pas un traître. »
« Nous nous reverrons au tribunal de Bastia.
Raconte autant que tu veux ton galimatias,
Nul ne va t’écouter pour t’être secourable. »
« Ah, mon frère ! Je ne suis qu’un misérable !
Je ne t’ai rien volé, mais puisque tu le crois,
Aie pitié de mes fils qui ont bien faim et froid. »
« Non ! Tu n’es qu’un voleur. Dans une prison sombre
Tu vas être jeté dans l’éternelle ombre
Jusqu’à ce que tu paies tout ce que tu me dois. »
« Tu es bien injuste ; sache que Dieu te voit !
En prison, je ne te serai point utile. »
« Je n’entendrai plus tes prières futiles !
Sors maintenant de chez moi. » Triste et étonné,
Le méchant frère lui ferma la porte au nez,
Et après quelques jours, notre pauvre hère
Fut appelé à Bastia malgré ses prières,
Embrassa son épouse en pleurs et ses petits,
Mit dans son sac quelques pisticcine et partit.

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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