samedi 19 septembre 2015

Conte: L'âne aux sequins d'or (Partie III)

CONTE: L'ÂNE AUX SEQUINS D'OR (PARTIE IIi)


III. Ce que Farinello fit de sa carpe, et l’hasardeuse rencontre qu’il fit malgré lui

La nuit, Farinello trouva dans son chemin
Une cabane, et il frappa de lasse main :
« Pan ! pan ! » « Entrez » « Je veux un pain et un gîte,
Je vous en supplie. » « Oui, mon bonhomme, entrez vite,
Je vais vous préparer à manger. Mais comment
Voyagez-vous malgré votre sombre tourment,
Aussi affamé que vous êtes et livide
Et comme je vous vois la besace vide ? »
« Je n’ai qu’un seul poisson, et je n’ai rien, hélas !
Pour le faire cuire, car je suis seul et las. »
« Dans ce cas, lui dit son hôte, pour ce faire,
Voilà un bon et grand feu qui va vous plaire.
Vous pouvez l’y cuire et prendre un de ces bons pains
Dont la huche est remplie. N’attendez point demain. »
Le bon Farinello s’approcha de la flamme,
Mais un sombre remords lui assaillit l’âme
Et il se dit : « Pauvre poisson ! Vas-tu périr
Car tu m’as fait confiance, et dans le feu souffrir ?
Sans même résister tu m’as laissé te prendre
Et moi je te tuerai atrocement sans attendre !
Je ne le ferai point, petit poisson hagard. »
Et jetant au poisson un bienveillant regard,
Il mangea son pain sec pour seule nourriture.
Avant qu’il ne reprît sa longue aventure,
Farinello rendit ce qu’il lui avait pris
A la rivière. La carpe alors lui sourit
Et nagea dans les flots clairs, preste et contente.
Le voyageur reprit sa route sans attente,
Il aperçut bientôt, au tournant d’un chemin,
Son charmant oiseau bleu parlant comme un humain
Qui sautait joyeusement, libéré de ses chaînes,
Sur la branche épaisse d’un auguste chêne.
« Bonjour, mon bon oiseau, je te revois enfin !
Dit Farinello, prends ce pain si tu as faim. »
« Merci, Farinello, merci, mon bon maître. »
Farinello laissa l’oiseau bleu se repaître
Et il continua à marcher. Mais soudain
Il rencontra l’ogre toisant avec dédain
Sa mine lugubre et sa maigreur maladive.
« Engraisse-moi, femme, cette chose chétive,
Dit-il à l’ogresse dont il était l’époux
Et dont le cœur, comme le tien, n’était point doux,
Quand il sera bien gros et gras, qu’il nous régale,
Car la viande humaine est bonne et n’a point d’égale. »

[A SUIVRE]


Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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