Conte: L'âne aux sequins d'or (Partie I)

CONTE: l'âne aux sequins d'or (PARTIE I) I. Ce qui arriva aux deux frères de Farinello, partis à la recherche de la fortune, et ce que ce dernier décida de faire Au temps où les bêtes parlaient, une mère Vivait avec ses trois enfants, bien amère, Car ils étaient tous fort maigres et fort miséreux Et mangeaient les herbes des bois généreux Qui étaient, hélas, leur seule nourriture. « La faim, dit-elle un jour à ses fils, nous torture, Moi, il me reste peu à vivre avant ma mort, Abandonnez-moi, chers fils, à mon triste sort Et fuyez promptement la misère immonde. Vous êtes braves et forts ; parcourez le monde, Vous serez fortunés si c’est la volonté De Dieu le Tout-Puissant à l’infinie bonté. » L’aîné partit d’abord. Après dix jours de marche, De pâles lassitudes et de vaines recherches, Il rencontra une bande de fiers voleurs Et il lui arriva un rapide malheur : Ils lui prirent tous ses habits, et ne cessèrent Que lorsque presque nu enfin ils le laissèrent. Le pauvre jeune homme leur dit avec effroi : « Pourquoi me traitez-vous ainsi ? Il fait si froid ! Vous me laissez à la merci des tempêtes, Pareil à une errante et misérable bête. » Et les voleurs rirent d’ouïr parler ainsi Ce pauvre hère par la misère aminci, Puis lui demandèrent : « Où vas-tu, bonhomme ? » « Je vais chercher celle que la Fortune on nomme ; Elle me fuit encore, hélas ! je le vois bien. » « Oublie-la alors et deviens notre gardien. Tu mangeras avec nous et tu vas aussi boire. » Le cadet préféra la vie à la gloire Et devint le gardien du trésor des larrons. L’autre ne fut ni duc devenu ni baron, Et comme il suivit la route de son frère Fut attrapé par les voleurs téméraires Et garda leur trésor aussi et les aidait. Farinello, enfin, qui était le cadet, Ne voyant point ses deux frères revenir : « Sans doute, Se dit-il, je ne dois pas suivre leur route Et je suivrai alors un différent chemin. » Et le cadet fit ce qu’il se dit le lendemain. [A SUIVRE] Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène