CONTE: LE rusé voleur (PARTIE I)
Vocabulaire: Pievano: curé d'une "piève"/ Dominus-Vobiscum: "Le Seigneur est avec vous" ou "que le Seigneur soit avec vous."
I. Ce que fit un rusé voleur chez un bon curé
Un voleur, qui
était malin et déluré,
Frappa un jour à
la porte d’un bon curé.
« Que
voulez-vous, mon brave ami ? » « Je veux être
Votre domestique,
et que vous soyez mon maître. »
« Hélas,
mon bon garçon, je n’en ai pas besoin
Hormis pour
prodiguer à mes vaches des soins. »
« Bien !
j’ai été berger et je sais le faire,
Je pourrai les
soigner et je vais vous plaire. »
« Combien
demandes-tu ? » « Rien, je suis étranger,
Et je ne veux qu’avoir
à boire et à manger,
Répondit le
voleur, sans faire ripaille,
Et pour dormir
il me suffit d’un peu de paille. »
« Eh bien !
je t’accepte. » dit le curé, content
D’un pareil
domestique, à sa femme contant
Cette fort bonne
affaire en l’appelant sa belle.
Sans être aux
désirs de son maître rebelle,
Le valet qui
semblait, dans son ardeur, ailé,
Soignait très
bien les vaches et les chevaux, zélé,
Se couchait de
bonne heure et faisait sa prière.
Le voyant si
pieux et ses mains si ouvrières,
Le curé, ravi,
lui dit : « Je dois t’avouer
Que je n’ai
jamais vu plus brave et dévoué
Domestique que
toi, et aimant la chapelle.
Dis-moi, mon bon
garçon, comment on t’appelle ? »
« Je ne veux
point vous en voir, monsieur, affligé,
Mais je me vois
de ne rien vous dire obligé. »
« Comment ?
Pourquoi cela ? » « Ah ! je vous en supplie !
Car mon nom est
si laid qu’il faut que l’oublie.
Je n’ose devant
vous, monsieur, le prononcer,
Et à votre
question vous prie de renoncer. »
« Dis
toujours. Je suis peu surpris à mon âge. »
Et le fourbe,
content de ce bon ménage,
De répondre : « Vous
le dire est donc mon devoir
Comme vous
semblez tant tenir à le savoir.
Mon nom est J’ai-Trois-Poils-Dans-l’Œil. »
« Quel nom étrange !
S’écria le curé,
et que dire dérange
En effet !
Mais, mon bon garçon, je le tairai
Et à nul autre
humain jamais ne le dirai. »
La sœur du pievano,
comme elle était humaine,
L’ignorait elle
aussi. « Depuis une semaine,
Dit-elle au
prétendu valet, vous travaillez
Et je ne sais
toujours pas votre nom. Veuillez,
Car je le veux
savoir, mon garçon, me le dire. »
« Il est si
laid qu’il va vous faire sourire ;
C’est pourquoi
je ne veux pas vous le révéler,
J’aimerais,
madame, à tous toujours le sceller. »
« Dites-le-moi
toujours. » « C’est : Ça-me-Démange. »
« C’est en
effet un nom qui est bien étrange,
Et je comprends
pourquoi vous le voulez cacher !
J’en ferai de
même pour ne pas vous fâcher. »
La mère du curé,
qui était commère,
Dit aussi au
voleur : « Je suis bien amère
D’ignorer votre
nom. Faites-moi le plaisir
De me le dire. »
Il ne voulut point son désir
Au début
exaucer, puis lui dit : « Madame,
Dominus-Vobiscum
est mon nom. » « Sur mon âme !
Voilà un nom qui
est bien étrange et inouï ! »
« Le
cacherez-vous à tout le monde ? » « Oui, oui,
Et je vous le
promets. C’est vicieux que je conte
A tout le monde
un nom qui vous fait si honte. »
[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène
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La Muse a commencé à soupirer le 08/04/2012. Poèmes publiés sur le Blog : 2166.
samedi 15 août 2015
Conte: Le rusé voleur (Partie I)
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