jeudi 18 juin 2015

Conte: Les deux boîtes (Partie I)

CONTE: Le deux boîtes (PARTIE I)

I. Ce que fit la princesse pour cacher sa mauvaise conduite à son époux, amoureux d’une jolie charbonnière

Un prince aima une jolie charbonnière
Qu’il aimerait jusqu’à son heure dernière,
Dit-il à ses parents de cette liaison
Courroucés, et qui, pour qu’il entendît raison
Et de cette femme oubliât la bassesse,
Le firent marier à une riche princesse
Qui, quoique jeune encor, avait eu mille amants
Et pour une princesse des jours bien infamants.
La nuit de ses noces, pour cacher sa conduite
Au prince, elle songea et envoya ensuite
Sa chambrière dans la ville lui chercher
Une pucelle qui consentît à coucher
Avec le fils du roi. Dès qu’elle fut partie,
La chambrière vit, pour en chercher sortie,
La belle charbonnière qu’aimait le fils du roi,
Qu’elle ne connaissait pas, en un sombre endroit,
Qui pleurait, affligée. Elle dit à icelle
En l’examinant des yeux : « Es-tu pucelle ? »
« Oui », répondit-elle, bien douce et sans mentir.
« Est-ce que tu veux, pour cette nuit, consentir
A dormir avec le fils du roi, ma belle ? »
Et comme elle l’aimait, sans se montrer rebelle,
La charbonnière qui avait de blonds cheveux
A la chambrière répondit : « Je le veux.
Mais n’est-il pas marié ? » « Si, mais son épouse
De te voir à sa place ne sera pas jalouse.
Je ne puis t’expliquer pourquoi, mais prends-en soin
Pour quelques nuits, car la princesse en a besoin. »
« Qu’en pensera le prince ? » A la charbonnière
Elle expliqua encor : « A notre manière
Pour qu’il n’en sache rien nous nous arrangerons.
Fais ton devoir et à ta place nous songerons. »
La jolie charbonnière alla donc, contente,
Coucher avec son bel amant sans attente.
Avant l’aurore elle dit au prince : « Je dois
Avoir un gage, cet anneau dans votre doigt,
De notre première nuit d’amour, mon maître. »
Et elle se garda de se faire connaître.
Le prince, ne voulant point la mécontenter
Et la voyant pour cet anneau s’impatienter,
Le donna à sa femme qui s’habilla, fervente
De partir, et revint à la nuit suivante
Déguisée en princesse, et à son amoureux,
Pour qu’elle fût contente et son cœur bienheureux,
Demanda cette fois son écharpe brodée
Qu’il avait portée à son mariage et gardée.
Il consentit encor. Et de son cher amant
Elle obtint sa belle ceinture de diamants
A la troisième nuit. La princesse infâme
Voulut redevenir de son époux la femme
Afin d’en profiter à son tour. Le mari
Ne s’en aperçut point et n’en fut point marri.

[A SUIVRE]
Par: Mohamed Yosri Ben Hemdène

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